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Lartiste dâaujourdâhui ne peut plus vivre en marge de son temps et de la sociĂ©tĂ©. Par expĂ©rience, lâartiste peintre ne peut pas vivre uniquement au travers dâune seule galerie ou dâun site web sans trafic. Il faut sâinvestir socialement, entretenir des relations publiques. La communication doit dĂ©boucher sur des vernissagesAccueil Revues Espaces et sociĂ©tĂ©s NumĂ©ro 2017/4 n° 171 Zone lâespace dâune vie... Ăditorial Zone lâespace dâune vie en marge Suivre cet auteur JĂ©rĂŽme Beauchez, Suivre cet auteur Florence Bouillon, Suivre cet auteur Djemila Zeneidi Dans Espaces et sociĂ©tĂ©s 2017/4 n° 171, pages 7 Ă 18 Suivant ArticlePlanBibliographieAuteursCitĂ© parfile_downloadTĂ©lĂ©charger Article MĂȘme si on dort dans la rue, on nâest pas des loques. On est des chĂŽmeurs, des zonards, des mancheurs, mais on nâest pas des clochards. » Propos anonymes, recueillis dans la rue par Lionelle Reynes 1985, p. 38 1 Alors que le quotidien des jeunes de banlieue » ou des bandes ethniques » focalise depuis plusieurs dĂ©cennies lâattention des sociologues, lâautre visage des jeunesses relĂ©guĂ©es que prĂ©sentent les zonards » reste quant Ă lui quasi invisible du point de vue des sciences sociales europĂ©ennes. Rares sont en effet les Ă©tudes de ces nomades du vide » Chobeaux, 2004 que seraient ces jeunes de la rue, que lâon dit aussi en errance » Laberge et Roy, 1996 ; Pattegay, 2001 ; Parazelli, 2002. Population sans domicile aux allures bigarrĂ©es, souvent accompagnĂ©e de ses chiens, ils apparaissent surtout dans le rĂŽle du mancheur rĂ©clamant la piĂšce sur le pavĂ© des centres-ville ou au seuil des supermarchĂ©s. Ă la fois terme vernaculaire et concept proche de lâexpĂ©rience, le mot zonard est celui que la plupart choisissent pour se dĂ©signer Pimor, 2014. La zone Ă©voque alors un mode de vie supposant de tracer sa route dans les marges de la sociĂ©tĂ© de consommation Angeras, 2012, dâoĂč les appellations de traceurs ou de routards Ă©galement employĂ©es par certains. 2 LâĂ©tymologie du terme renvoie Ă la zone non aedificandi non constructible qui sâĂ©tendait au-delĂ des fortifications de Paris. AprĂšs la guerre de 1870, la destination exclusivement militaire de cet espace a Ă©tĂ© peu Ă peu abandonnĂ©e pour cĂ©der la place Ă lâinstallation de baraquements, de roulottes et de taudis qui ont regroupĂ© les travailleurs pauvres, les chiffonniers, les vagabonds, les mendiants et autres reprĂ©sentants des classes dangereuses » dont Louis Chevalier a rĂ©alisĂ© une cĂ©lĂšbre historiographie Chevalier, 2002. Aux marges de Paris, les zoniers » incarnent alors la figure du paria urbain qui inquiĂšte ou menace la sociĂ©tĂ© bourgeoise. PhotographiĂ©s par EugĂšne Atget [1] 1913 et filmĂ©s par Georges Lacombe 1928, ils apparaissent comme mis au ban dâune sociĂ©tĂ© industrielle qui les a frappĂ©s dâinfamie. 3 Les zonards dâaujourdâhui composent une nouvelle strate de lâarchĂ©ologie des marges urbaines. RĂ©cente, elle trouve ses racines syncrĂ©tiques loin des anciennes fortifications de Paris, dans lâentremĂȘlement des subcultures punk et traveller nĂ©es outre-Manche au cours des dĂ©cennies 1970 et 1980. Tandis que la zone dâhier correspondait Ă un territoire bien dĂ©limitĂ©, celle dâaujourdâhui se matĂ©rialise dans les dĂ©placements de groupes qui Ă©voluent principalement dans les intervalles des villes. Si les zonards contemporains ne sauraient par consĂ©quent ĂȘtre vus comme leurs descendants directs, ils partagent nĂ©anmoins avec les zoniers dâautrefois certaines propriĂ©tĂ©s de situation dans lâespace social. Les uns comme les autres restent en effet confinĂ©s Ă des espaces caractĂ©risĂ©s par la relĂ©gation, Ă des situations Ă©rigĂ©es en problĂšme social. Ainsi la prĂ©sence et la visibilitĂ© des zonards â particuliĂšrement remarquĂ©es depuis le tournant des annĂ©es 2000 Ă lâoccasion des festivals dĂ©diĂ©s Ă la musique ou aux arts de rue â sont-elles le plus souvent envisagĂ©es comme relevant dâune problĂ©matique dâencadrement dâune fraction de la jeunesse considĂ©rĂ©e comme dĂ©viante. Ils font lâobjet dâune culture du contrĂŽle » Garland, 2001 qui oscille entre mesures de bannissement prises par certaines mairies et tentatives de rĂ©gulation dâune prĂ©sence dont il sâagit de maĂźtriser les potentiels effets pathogĂšnes. Les questions du sans-abrisme et de lâinsĂ©curitĂ© ont dĂšs lors Ă©tĂ© posĂ©es, aux cĂŽtĂ©s des problĂšmes de santĂ© publique liĂ©s aux consommations dâalcool et de produits stupĂ©fiants Chobeaux, 2004, p. 41-42 ; Hurtubise et Vat Laaroussi, 2002 ; Van Hout, 2011. 4 Ainsi la vie et le quotidien des zonards apparaissent-ils essentiellement en nĂ©gatif de ce quâen disent les pouvoirs publics ou les instances de rĂ©gulation sanitaire et sociale Langlois, 2014. Un nĂ©gatif qui, Ă la maniĂšre dâune image photographique oĂč les contrastes apparaissent comme inversĂ©s, ne donne Ă voir quâun reflet dâune rĂ©alitĂ© dont ressortent les dĂ©fauts, comme les manques. Ce numĂ©ro dâEspaces et SociĂ©tĂ©s a pour objet de proposer une autre prise de vue. Celle-ci ouvre sur une double perspective la premiĂšre cible les modalitĂ©s dâintervention, ou de non-intervention, de la puissance publique vis-Ă âvis des habitants et des acteurs de la zone. Hier comme aujourdâhui, comment les institutions font-elles face Ă des populations qui, de maniĂšre subie ou choisie, se situent Ă la marge des centralitĂ©s urbaines comme des normes sociales communĂ©ment partagĂ©es ? Quels sont les marges de manĆuvre accordĂ©es, les modalitĂ©s de rĂ©pression, les terrains dâentente Ă©ventuels, et comment se traduisent-ils du point de vue de la gestion de ces indĂ©sirables » ? La seconde focale a pour objet de restituer de lâintĂ©rieur les systĂšmes de valeurs qui orientent les actions des zonards. Du point de vue de ses acteurs, que dĂ©signe au juste ce signifiant dont la plasticitĂ© renvoie aux idĂ©es dâun espace indissociablement physique et symbolique ? Autrement dit, quâil relĂšve de lâauto-attribution ou du stigmate, Ă quoi correspond exactement le label zonard dans les mondes de la marge et leurs territoires ? Quels en sont les codes et de quelles façons se transmettent-ils ? 5 Pour rĂ©pondre Ă cette double interrogation, ce dossier se dĂ©cline en trois thĂ©matiques. Les deux premiers articles traitent de la zone parisienne dans une perspective sociohistorique. Les trois articles suivants proposent une description dense » Geertz, 2003 des modes de vie zonards aujourdâhui, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ces modes de vie valorisent une forme dâentre-soi tentĂ© par le dĂ©tachement vis-Ă âvis de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Enfin, parce que la zone ne constitue jamais un espace totalement Ă part, lâensemble se clĂŽt par une analyse du recours aux dispositifs de lâinfra-assistance, incluant la maniĂšre dont ce recours sâinscrit dans la construction dâune identitĂ© zonarde revendiquĂ©e. 6 En finalitĂ©, lâobjet de ce dossier rĂ©side dans les diffĂ©rentes façons de produire ces formes mouvantes de marginalitĂ©, dont les frontiĂšres indĂ©cises fluctuent entre conceptions Ă©miques la perspective des zonards et visions Ă©tiques celles de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e et des pouvoirs publics. PlutĂŽt que de rĂ©duire le flou dont la notion de zone est empreinte, nous avons donc considĂ©rĂ© son caractĂšre labile comme le principal levier dâune approche qui articule espace et histoire ou diachronie et synchronie des usages et des modes de gestion dâune territorialitĂ© marginale. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gation7 La premiĂšre partie de notre dossier dĂ©taille le passage de la figure du zonier Ă celle du zonard, et donc la progressive modification des territoires de la zone. Cette enquĂȘte est ouverte par Anne Granier, laquelle concentre ses efforts sur la pĂ©riode de lâentre-deux-guerres et la microhistoire dâun segment de la zone parisienne situĂ© Ă Boulogne-sur-Seine. Lâauteure sâest consacrĂ©e Ă retracer la gĂ©nĂ©alogie du peuplement comme des conflits qui ont animĂ© cet espace, marquĂ© par lâla intolĂ©rance des pouvoirs publics Ă lâĂ©gard de ses occupants. En effet, si les pouvoir publics tolĂ©raient lâexistence de la zone faute de mieux, par nĂ©cessitĂ© de loger les plus pauvres dâentre les ouvriers qui ne pouvaient sâacquitter des loyers de Paris intra-muros, ils nâavaient pourtant de cesse de vouloir Ă©liminer le problĂšme social quâils constituaient Ă leurs yeux. La tolĂ©rance cĂ©dait alors le pas Ă lâintolĂ©rance pour des zoniers constamment en porte-Ă -faux vis-Ă âvis de la loi. Or, les gens sans aveu » nâont pas tĂ©moignĂ© seuls subsistent les propos tenus par ceux â dĂ©cideurs politiques, reprĂ©sentants de la loi et, plus rarement, petits propriĂ©taires zoniers â qui Ă©taient en charge de lâadministration quotidienne de cette enclave partagĂ©e entre Paris et banlieue, de mĂȘme quâentre reconnaissance partielle et marginalitĂ©. Câest donc le quotidien de ce territoire ambivalent quâAnne Granier sâest efforcĂ©e dâexhumer des archives, territoire qui fait moins lâobjet dâune rĂ©pression que dâun abandon surveillĂ© oĂč, tout au long des annĂ©es 1920 et 1930, les pauvres sont restĂ©s dans la visĂ©e des pouvoirs publics qui les ont encadrĂ©s mollement, les abandonnant le plus souvent Ă leur sort, dans lâattente de trouver une hypothĂ©tique solution Ă leur indigence. 8 Ălargissant la focale historique portĂ©e sur la zone de Paris, James Cannon interroge pour sa part la dĂ©clinaison historique des labels de dangerositĂ© et dâinfamie que la zone a charriĂ©s tout au long du xxe siĂšcle. De la Belle Ăpoque aux annĂ©es 1970, en passant par lâentre-deux-guerres, lâauteur puise dans diverses sources, dont celles de la littĂ©rature et de la chanson populaire, pour montrer comment les gĂ©nĂ©rations successives de zoniers et de zonards ont incarnĂ© diffĂ©rentes versions des classes dangereuses » Ă©voluant aux marges de Paris. Tour Ă tour perçus comme des rĂ©volutionnaires en puissance, des agents de lâĂ©tranger et des hommes dĂ©pravĂ©s voire les trois Ă la fois, les zoniers ont constituĂ© une figure marginale et le plus souvent criminalisĂ©e ; cette criminalisation a suivi diverses inspirations, selon les analystes et leurs sensibilitĂ©s idĂ©ologiques ou religieuses. Câest ainsi que la zone et ses habitants apparaissent comme dâefficaces rĂ©vĂ©lateurs de la maniĂšre dont la sociĂ©tĂ© française a construit ses figures de lâaltĂ©ritĂ© tout au long du premier xxe siĂšcle. Mais quid des Trente Glorieuses au cours desquelles la zone est effacĂ©e par les travaux du pĂ©riphĂ©rique urbain, disparaissant ainsi en tant quâespace annulaire qui constituait une ceinture de misĂšre autour de Paris ? Avec lâĂ©mergence de la figure moderne du zonard au dĂ©tour de la dĂ©cennie 1970, James Cannon montre que la zone dĂ©mantelĂ©e en tant quâespace physique se reconstitue comme style de vie marginal ; un style de vie dont les habitudes et les usages de la ville entrent le plus souvent en contradiction avec les rĂšgles, voire les lois en vigueur dans la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. La zone, territoire de rĂ©sistances ?9 Le texte de James Cannon, qui se termine par cette Ă©vocation des zonards de la dĂ©cennie 1970, fait ainsi la jonction avec la suite du dossier. En retraçant lâethnobiographie de Gavroche, JĂ©rĂŽme Beauchez engage en effet un dialogue avec un zonard des annĂ©es 1990 et 2000, dealer de drogues et voyou auto-proclamĂ©, sur le fond dâune anthropologie collaborative [2]. Tandis que le rĂ©cit de cette expĂ©rience de la zone Ă©nonce son code du deal et de la rue, le chercheur interroge les significations dâune telle conduite de vie dont il souligne moins la rĂ©sistance quâune certaine conformitĂ© avec les principes les plus communs du commerce lĂ©gal et de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Gavroche dĂ©crit en effet les savoir-faire, comme le savoir-survivre » Zeneidi-Henry, 2002 et les rĂšgles qui prĂ©sident Ă son mĂ©tier de dealer ; un mĂ©tier dont lâexercice est articulĂ© aux espaces de la zone dans lesquels il fait figure de patron dâune petite entreprise criminelle centrĂ©e sur la maximisation du profit. Les moyens sont ceux des techniques de vente et de management oĂč la violence se justifie par les nĂ©cessitĂ©s dâun marchĂ© dont les Ă©changes â petits ou grands â alimentent un vĂ©ritable capitalisme de la rue. En pĂ©nĂ©trant de plain-pied cette zone partagĂ©e entre les commerces interlopes les plus cachĂ©s et les principes marchands les plus avouĂ©s, lâarticle offre une perspective incarnĂ©e sur une maniĂšre de vivre et de constituer un territoire dont la marginalitĂ© ne signifie aucunement lâopposition radicale ou lâabsence de contact avec la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. 10 Une Ă©chelle et un mode de description similaires ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©s par Marcelo Frediani, dont lâenquĂȘte ethnographique conduite pendant la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1990 aux cĂŽtĂ©s des New Travellers en Grande-Bretagne Frediani, 2009 permet dâĂ©clairer la gĂ©nĂ©alogie et le mode de vie de groupes qui ont fortement influencĂ© les gĂ©nĂ©rations actuelles de zonards français [3]. Lâauteur dresse un portrait de celles et ceux dont il a partagĂ© la vie quotidienne en camion, sur les routes et dans des campements aussi sauvages quâĂ©phĂ©mĂšres ; une vie que lâauteur dĂ©crit comme adossĂ©e Ă une culture alternative inspirĂ©e dâun syncrĂ©tisme dâinfluences marginales qui vont du mouvement hippie Ă lâanarcho-punk, en passant par les spiritualitĂ©s new age, la musique Ă©lectronique et les free parties [4]. Tout lâenjeu du texte de Marcelo Frediani consiste dĂšs lors Ă rassembler ces faisceaux dâinfluences et dâexpĂ©riences autour de la question du besoin radical » dâespace qui aurait conduit les Travellers Ă prendre la route. Que lâon ne sây trompe pas un tel besoin nâest pas aussi trivial quâun simple appel de la vie au grand air. Sâil est radical, câest justement parce quâil rĂ©pond, selon le chercheur, Ă une nĂ©cessitĂ© créée par les forces dâĂ©viction du capitalisme nĂ©olibĂ©ral qui poussent les plus fragiles vers les marges du salariat et de lâhabitat conventionnel. Il sâagit alors aussi bien dâĂ©chapper Ă la spirale de lâenfermement dans les logiques du dĂ©classement que de combler ses besoins vitaux â se nourrir, se loger, nouer des rapports sociaux â et de sâengager dans une forme de radicalisme infrapolitique, ou de contre-culture, capable de constituer une alternative Ă lâĂ©viction. Cette alternative sâexprime au travers des communautĂ©s de pratique » que forment les Travellers en sâinscrivant dans des rĂ©seaux dâentraide fondĂ©s sur un socle de valeurs communes. Elle constitue Ă©galement une forme de retournement des stigmates qui conduit les Ă©vincĂ©s Ă faire de leur Ă©viction un principe de libertĂ© ou, Ă tout le moins, de rĂ©invention dâun espace du quotidien qui semble reprendre ses droits aux marges de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e [5]. 11 Nombre de parallĂšles peuvent ainsi ĂȘtre tracĂ©s avec la zone de Gavroche dĂ©crite par JĂ©rĂŽme Beauchez. Dans les deux cas, lâengagement marginal relĂšve moins dâune opposition que dâune alternative aux fonctionnements socio-Ă©conomiques marquĂ©s par les logiques dâexclusion du capitalisme nĂ©olibĂ©ral. Tandis que Gavroche sâest contentĂ© de les retourner Ă son avantage dans les territoires oĂč il sâest comportĂ© en patron de sa petite entreprise criminelle, les Travellers rencontrĂ©s par Marcelo Frediani ont pour leur part conçu une critique radicale de ces fonctionnements. Cela Ă©tant, pas plus que Gavroche, ils nâenvisagent de fonder un mouvement qui aurait pour objet de promouvoir un changement de sociĂ©tĂ©. De leur point de vue, il sâagirait plutĂŽt dâĂ©chapper Ă sa violence et de prendre le large, entre soi. 12 Un entre-soi que lâanthropologue et photographe Ralf Marsault a Ă©galement documentĂ© depuis sa longue expĂ©rience des Wagenburgen berlinoises. Celles-ci dĂ©signent les rassemblements de caravanes et de camions qui ont commencĂ© Ă sâĂ©tablir dans les friches et autres interstices de la ville peu aprĂšs la chute du Mur Ă la fin de lâannĂ©e 1989 Marsault, 2010. Ouverts illĂ©galement, ces espaces oĂč se sont installĂ©s Travellers, punks et zonards issus de toute lâEurope avec une majoritĂ© de Britanniques et de Français font lâobjet dâune certaine tolĂ©rance de la part des pouvoirs publics. De tels campements constituent un excursus europĂ©en Ă lâhistoire des Travellers retracĂ©e par Marcelo Frediani, de mĂȘme quâune sorte de pendant germanique et fin de siĂšcle le xxe plutĂŽt que le xixe de la zone parisienne. Ă lâinstar de cette derniĂšre, nombre de Wagenburgen se sont en effet Ă©tablies sur une ancienne zone militaire non aedificandi celle du no manâs land qui sĂ©parait lâEst et lâOuest de Berlin Marsault, 2010, p. 36. Il nâest pas jusquâĂ lâappellation de Wagenburg qui ne garde une connotation martiale, puisque le terme a dâabord dĂ©signĂ© une tactique de dĂ©fense consistant Ă Ă©riger un mur de chariots » Wagen signifiant le vĂ©hicule et Burg lâidĂ©e de place forte pour parer les attaques de lâennemi sur les champs de bataille. De loin en loin, cette idĂ©e semble perdurer aujourdâhui parmi les Wagenburger. La plupart conçoivent leur mode de vie Ă la façon dâune rĂ©sistance â certes plus passive quâagressive â impliquant une stratĂ©gie de repli qui les prĂ©serverait des obligations comme des injonctions Ă la normalisation. Ralf Marsault se concentre alors sur les constructions qui font la Wagenburg â ses venelles, ses placettes et ses maisons â, et procĂšdent dâun ensemble de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration que les Wagenburger dĂ©tournent afin de concevoir une maniĂšre originale dâinvestir leur territoire et de lâhabiter. Ce systĂšme dâobjets est conçu par lâauteur comme la projection au sol des reprĂ©sentations qui animent les habitants. Au-delĂ dâune simple figure du campement, cette hypothĂšse lui permet dâobserver la Wagenburg comme une tentative de situationnisme sauvage qui nâest pas sans Ă©voquer une version punk de la Nouvelle Babylone imaginĂ©e par Constant [6]. Tracer les cartes de significations » dâune subculture marginale13 Outre les convergences dĂ©jĂ relevĂ©es, les trois Ă©tudes prĂ©sentĂ©es au point prĂ©cĂ©dent partagent un mĂȘme intĂ©rĂȘt pour ces territoires qui sont le fait dâindividus et de groupes Ă©voluant dans ce que Patrick Brunetaux et Daniel Terrolle Ă©d., 2009 ont appelĂ© lâ arriĂšre-cour de la mondialisation ». Depuis lâenracinement subjectif dans la zone de Gavroche jusquâaux objets qui peuplent le territoire des Wagenburger en passant par le systĂšme de valeurs des Travellers, cette arriĂšre-cour a Ă©tĂ© investie par des enquĂȘtes qui, sans pour autant sacrifier Ă une forme de romantisme des marges, ont refusĂ© lâessentialisation misĂ©rabiliste conduisant Ă enfermer les pauvres dans leur pauvretĂ©, ou Ă condamner les dĂ©classĂ©s au dĂ©classement. Par la mise en Ă©vidence du tout un savoir-survivre â fĂ»t-il parfois violent comme dans le cas de Gavroche â, il sâest plutĂŽt agi de souligner lâagentivitĂ© alternative [7] dont font preuve celles et ceux qui sâefforcent de construire une Ă©chappatoire et dâinventer leurs territoires en marge de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Pour autant, celle-ci ne disparaĂźt pas dâun quotidien fait dâĂ©vitements, mais aussi de frottements plus ou moins rĂąpeux avec des institutions et des lois censĂ©es encadrer celles et ceux qui affichent leur souhait dây Ă©chapper. 14 Ces frottements sont au cĆur de lâarticle signĂ© par CĂ©line RothĂ©, laquelle nous ramĂšne en France, pour conclure ce dossier par une rĂ©flexion sur la façon dont les zonards perçoivent et utilisent les dispositifs dâassistance qui leur sont destinĂ©s, en particulier celui dâun accueil de jour dit Ă bas seuil dâexigence. Ce lieu est pris dans une nĂ©gociation permanente entre logiques zonardes et relatif effacement des travailleurs sociaux, qui maintiennent toutefois la prĂ©sence discrĂšte dâun cadre assorti de ses rĂšgles. Rien du style de vie des zonards nâest forclos de ce lieu les chiens y ont droit de citĂ© mais en nombre limitĂ©, tout comme les substitutifs aux opiacĂ©s dont la consommation addictive â comme celle dâautres substances â concerne un nombre consĂ©quent de celles et ceux qui disent avoir choisi la rue. LâidĂ©e dâun tel choix, comme ses mises en rĂ©cit, fournissent Ă la chercheuse un matĂ©riau Ă partir duquel sont interrogĂ©es des conceptions de la mobilitĂ© et du territoire qui voudraient renverser la situation de relative assistance dans laquelle la sociologue trouve ses enquĂȘtĂ©s. Ă ce titre, les lieux de lâurgence sociale ne sont pas de simples pourvoyeurs de services de premiĂšre nĂ©cessitĂ© ; ils apparaissent avant tout comme des lieux de socialisation zonarde et de requalification symbolique pour les reprĂ©sentants de ces groupes par ailleurs largement disqualifiĂ©s. 15 La recherche sur la zone et ses expĂ©riences nâen est encore quâĂ ses balbutiements. Cette livraison dâEspaces et SociĂ©tĂ©s propose une premiĂšre articulation dâenquĂȘtes Ă partir desquelles sont retracĂ©es quelques-unes des cartes de significations » quâutilisent les zonards pour sâorienter dans leurs mondes [8]. Situer de tels rĂ©seaux de signifiance dans lâhistoire et les espaces de la zone nous a conduits Ă apprĂ©hender les diffĂ©rentes façons dont ses acteurs donnent du sens Ă leurs conduites comme aux styles de vie quâils ont privilĂ©giĂ©s ; pratiques fondĂ©es dans une certaine promotion de la solidaritĂ©, mais qui se paye parfois au prix fort de la rue, dont les duretĂ©s nâĂ©pargnent pas ceux qui disent lâavoir choisie et lâaimer. 16 Si les anthropo-logiques zonardes sont des visions du monde et des solutions pour le vivre, leur comprĂ©hension de lâintĂ©rieur constitue dans le mĂȘme temps une condition sine qua non pour Ă©tablir une base de dialogue capable de faire socle Ă une vĂ©ritable rencontre entre le monde des institutions et celui des zonards, lequel ne saurait ĂȘtre rĂ©duit Ă un espace oĂč rĂ©gnerait lâanomie. Tandis que les communitas quâils forment apparaissent au premier regard comme des contre-structures » dont les dĂ©rĂšglements se heurtent aux principes organisateurs de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e Turner, 1990, les enquĂȘtes prĂ©sentĂ©es ici laissent apparaĂźtre les multiples points de jonction qui nous rapprochent dâeux. Voici sans doute lâune des questions fondatrices des sciences sociales Ă laquelle nous confronte lâĂ©tude de la zone. Car il en va ici comme de toute production dâaltĂ©ritĂ©, qui soit maximise la dissemblance pour la cĂ©lĂ©brer ou la condamner, soit insiste sur la ressemblance afin dâannihiler les diffĂ©rences. PlutĂŽt que de la refermer, ce dossier ambitionne de rĂ©vĂ©ler une nouvelle facette de cette question, quâil ne faut assurĂ©ment pas cesser dâouvrir. Notes [1] Atget EugĂšne, 1913, Zoniers, sĂ©rie de photographies rĂ©alisĂ©es Ă Paris entre 1899 et 1913, archivage sur le site internet de la BibliothĂšque nationale de France, [url consultĂ© le 14 avril 2017. [2] Beauchez a exposĂ© ailleurs la vision comme les dĂ©terminants biographiques de son enquĂȘte Beauchez, 2017. Tout comme Tristana Pimor a rĂ©flĂ©chi dans les colonnes dâEspaces et SociĂ©tĂ©s Ă ces formes de symĂ©trie dans lâinvestigation quâelle a coconstruite avec un groupe de zonards Pimor, 2016. [3] Sur le mĂȘme sujet, voir Ă©galement lâouvrage pionnier de Kevin Hetherington 2000 ou les photographies publiĂ©es par Traveller Dave Fawcett, qui a mis en images sa communautĂ© nomade et leurs façons dâhabiter en perpĂ©tuel voyage Fawcett, 2012. [4] Il sâagit de fĂȘtes techno tenues en plein air, le plus souvent sans autorisation et, donc, sur des terrains ou des champs squattĂ©s pour lâoccasion. [5] Cette importance de la rĂ©appropriation dâun territoire en tant quâancrage dâune identitĂ© positive â et non plus seulement dĂ©finie par la nĂ©gativitĂ© du dĂ©faut ou du manque â a Ă©tĂ© soulignĂ©e par Emmanuel Renault et Djemila Zeneidi Ă partir de lâenquĂȘte que celle-ci a menĂ©e pendant plusieurs annĂ©es dans une friche industrielle transformĂ©e en scĂšne artistique anarcho-punk Renault et Zeneidi-Henry, 2008. [6] New Babylon est une utopie architecturale pensĂ©e par Constant Nieuwenhuys, un artiste nĂ©erlandais fondateur du mouvement Cobra et compagnon de route de lâInternationale situationniste. LâidĂ©e fondatrice de la Nouvelle Babylone â Ă laquelle Constant a travaillĂ© de 1956 Ă 1974, influençant toute une gĂ©nĂ©ration dâarchitectes et dâurbanistes â est que les relations sociales doivent ĂȘtre au principe de lâĂ©dification spatiale dâune ville nomade, entiĂšrement montĂ©e sur pilotis et dont les configurations sont conçues comme perpĂ©tuellement mouvantes les bĂątiments sont modulables au grĂ© des situations que crĂ©ent les habitants Ă propos de lâĆuvre de Constant, voir Zegher et Wigley Ă©d., 2001. [7] Ou de documenter les compĂ©tences prĂ©caires », qui dĂ©signent les multiples savoir-faire et savoir-ĂȘtre, inĂ©galement protecteurs, acquis au cours de lâexpĂ©rience de la prĂ©caritĂ© par les acteurs sociaux disposant de faibles ressources Ă©conomiques, sociales et symboliques Bouillon, 2009, p. 203-213. [8] Au sens oĂč Stuart Hall et Tony Jefferson ont Ă©crit que les cartes de signification » maps of meaning consistent dans les aspects dâune subculture Ă partir desquels ses membres dessinent lâintelligibilitĂ© de leur environnement quotidien Hall et Jefferson Ă©d., 2006, p. 4. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gationLa zone, territoire de rĂ©sistances ?Tracer les cartes de significations » dâune subculture marginale RĂ©fĂ©rences bibliographiquesAngeras AnaĂŻs, 2012, Du nomadisme contemporain en France. Avec les saisonniers agricoles en camion, ouvrage ligneBeauchez JĂ©rĂŽme, 2017, Lâethnographe dans le sous-terrain fragments biographiques », Anthropologica, vol. 59, no 1, p. 101-113. En ligneBouillon Florence, 2009, Les mondes du squat. Anthropologie dâun habitat prĂ©caire, Paris, Presses universitaires de Patrick et Terrolle Daniel Ă©d., 2010, LâarriĂšre-cour de la mondialisation. Ethnographie des paupĂ©risĂ©s, Brignais, Les Ăditions du Louis, 2002 [1958], Classes laborieuses et classes dangereuses Ă Paris pendant la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, Paris, François, 2004 [1996], Les nomades du vide. Des jeunes en errance, de squats en festivals, de gares en lieux dâaccueil, Paris, La Traveller Dave, 2012, Traveller Homes, Stroud, Amberley Marcelo, 2009, Sur les routes. Le phĂ©nomĂšne des New Travellers, Paris, Ăditions ligneGarland David, 2001, The Culture of Control. Crime and Social Order in Contemporary Society, Chicago, University of Chicago Clifford, 2003 [1973], La description dense. Vers une thĂ©orie interprĂ©tative de la culture », LâEnquĂȘte de terrain, D. CefaĂŻ Ă©d., Paris, La DĂ©couverte, p. Stuart et Jefferson Tony Ă©d., 2006 [1976], Resistance through Rituals. Youth Subcultures in Post-War Britain, Londres-New York, Kevin, 2000, New Age Travellers. Vanloads of Uproarious Humanity, Londres-New York, Cassell. 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Structure et contre-structure, Paris, Presses universitaires de ligneVan Hout Marie-Claire, 2011, Assimilation, habitus and drug use among Irish Travellers », Critical Public Health, vol. 21, no 2, p. Catherine de et Wigley Mark Ă©d., 2001, The Activist Drawing. Retracing Situationist Architectures from Constantâs New Babylon to Beyond, New York-Cambridge, The Drawing Center-The mit Djemila, 2002, Les sdf et la ville. GĂ©ographie du savoir-survivre, Paris, BrĂ©al. Distribution Ă©lectronique pour ĂrĂšs © ĂrĂšs. Tous droits rĂ©servĂ©s pour tous pays. Il est interdit, sauf accord prĂ©alable et Ă©crit de lâĂ©diteur, de reproduire notamment par photocopie partiellement ou totalement le prĂ©sent article, de le stocker dans une banque de donnĂ©es ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque maniĂšre que ce soit. Dansle cadre de Bruges 2002, capitale culturelle de l'Europe, une expĂ©rience originale fut tentĂ©e par l'association «Art en marge». Quatre artistes plasticiens (Jacques Charlier, Bob Verschuren, Ronny Delrue et FrĂ©dĂ©ric Gaillard) ont prĂ©parĂ© des oeuvres avec quatre handicapĂ©s. Ils ont travaillĂ© en duos pendant cinq Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse Ă cette Ă©tape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de Word Lanes Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© . Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. Câest la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă trouver Ă partir de leurs dĂ©finitions. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. 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Par Teresa Maranzano, historienne de lâart, responsable du programme MirâArts, ASA â Handicap mental, GenĂšve En 2008, une enquĂȘte menĂ©e dans les cantons romands avait dressĂ© un inventaire des pratiques artistiques dĂ©veloppĂ©es dans les institutions et par des associations. Ces diverses expĂ©riences manquaient de visibilitĂ© et nâĂ©taient pas reliĂ©es entre elles. Câest pour crĂ©er ce lien que le programme MirâArts a alors Ă©tĂ© lancĂ© par ASA â Handicap mental, association qui Ćuvre pour la participation sociale des personnes avec un handicap mental et le respect de leurs droits. Ce programme a mis en rĂ©seau plusieurs ateliers dâarts plastiques et a sĂ©lectionnĂ© une trentaine dâartistes sur la base de critĂšres qui constituent aujourdâhui encore les conditions pour ĂȘtre intĂ©grĂ© Ă la dĂ©marche Avoir une large production, un style original et une pratique constante dans le temps Avoir envie dâexposer ses Ćuvres Travailler dans un espace bien Ă©quipĂ©, avec des matĂ©riaux de qualitĂ© Ătre accompagnĂ© par un professionnel du monde de lâart, autant dans le processus de crĂ©ation que dans la diffusion de ses Ćuvres. Le programme a pour objectifs de promouvoir et diffuser les Ćuvres de ces artistes dans le milieu de lâart contemporain, en encourageant leur reconnaissance artistique et leur participation sociale et culturelle. Quels droits et quelle formation ? Pour Ă©laborer les objectifs, une commission composĂ©e de huit professionnels a travaillĂ© entre 2010 et 2014 autour de trois axes les enjeux juridiques et Ă©thiques du statut dâartiste des personnes en situation de handicap, la lĂ©gislation relative aux droits des auteurs, la formation adaptĂ©e Ă ces derniers et la formation des professionnelles qui les accompagnent. Ce travail de prĂ©curseur sâest fait Ă travers des rencontres permettant lâĂ©change dâinformations, de compĂ©tences, dâexpĂ©riences et de rĂ©flexions. Dans un deuxiĂšme temps, la commission a conviĂ© experts et personnes concernĂ©es Ă se pencher sur ces sujets et Ă partager les rĂ©sultats de leurs recherches, notamment autour de deux colloques et dâune publication collective [1]. Lâaboutissement de ce long chantier a Ă©tĂ© la rĂ©daction dâune Charte des valeurs [2], signĂ©e par les partenaires, et dâune Convention visant Ă protĂ©ger les droits des artistes en situation de handicap et Ă prĂ©ciser les prestations qui leur sont offertes par les ateliers et les organismes oĂč ils et elles travaillent. Ces documents-cadres constituent le socle qui permet aujourdâhui Ă Mirâarts de reprĂ©senter une trentaine dâartistes en situation de handicap de maniĂšre professionnelle, en tenant compte de leur statut juridique et social. Ce travail sâintĂšgre dans les mesures envisagĂ©es par les politiques culturelles pour garantir une Ă©galitĂ© de chances dans la participation Ă la vie artistique, conformĂ©ment Ă lâarticle 30 al. 2 de la Convention de lâONU relative aux droits des personnes handicapĂ©es Les Etats Parties prennent toutes mesures appropriĂ©es pour donner aux personnes handicapĂ©es la possibilitĂ© de dĂ©velopper et de rĂ©aliser leur potentiel crĂ©atif, artistique et intellectuel, non seulement dans leur propre intĂ©rĂȘt, mais aussi pour lâenrichissement de la sociĂ©tĂ©. » Les artistes reprĂ©sentĂ©s bĂ©nĂ©ficient dâune page sur le site internet du programme [3] qui dĂ©crit leur parcours et leur dĂ©marche. Leurs Ćuvres dĂ©filent dans une galerie dâimages et sont prĂ©sentĂ©es par un critique dâart. Le programme joue Ă©galement le rĂŽle dâinterface entre les artistes, les responsables des ateliers et les institutions culturelles. Les prestations fournies aux artistes vont du simple conseil Ă un suivi plus soutenu. Il sâagit en gĂ©nĂ©ral dâun support dans lâorganisation, la communication et la diffusion de leurs expositions. Souvent aussi, le rĂŽle devient comparable Ă celui dâun agent qui conçoit lâentier de lâexposition. Cette activitĂ© de management sâexplique par le fait que les artistes en situation de handicap nâont pas les compĂ©tences spĂ©cifiques, les moyens ou les rĂ©seaux nĂ©cessaires Ă la diffusion de leurs Ćuvres. Bien souvent, les professionnels qui les accompagnent en atelier nâont pas de temps pour ce travail, ou alors ils prĂ©fĂšrent se concentrer sur les processus de crĂ©ation. DĂšs lors, ils dĂ©lĂšguent volontiers Ă des tiers la tĂąche dâinscrire les Ćuvres des artistes dans un contexte culturel. Les dĂ©fis de lâart contemporain Les artistes reprĂ©sentĂ©s par Mirâarts crĂ©ent pour exprimer leur univers poĂ©tique ; leur style est trĂšs personnel et ils ignorent les tendances de lâart contemporain. Toutefois, ils ne sont pas pour autant coupĂ©s du monde. Au contraire, ils tirent parti de la position dĂ©centrĂ©e quâils occupent dans la sociĂ©tĂ© autant que dans le milieu de lâart, normĂ© et compĂ©titif, pour livrer un regard acĂ©rĂ©, drĂŽle ou ironique sur les questions de notre Ă©poque, sans complexes ni inhibitions. Leurs Ćuvres tĂ©moignent dâune libertĂ© dĂ©capante qui leur permet de tenir la confrontation avec celles de leurs confrĂšres. Dâailleurs, lâart contemporain sâouvre de plus en plus Ă des formes artistiques qui se dĂ©veloppent en marge de ses centres de production. La circulation exponentielle des images Ă lâĂšre dâinternet et des rĂ©saux virtuels a fini par abattre les hiĂ©rarchies qui sĂ©paraient la culture dâĂ©lite de la culture populaire, alternative ou underground. La maniĂšre de considĂ©rer les images et les Ćuvres dâart est aujourdâhui beaucoup plus horizontale que dans le passĂ©. Ces formes dâart Ă©versives par rapport Ă lâestablishment sont mĂȘme recherchĂ©es, car elles permettent Ă lâart contemporain dâĂ©voluer en dehors dâun circuit fermĂ© et autorĂ©fĂ©rentiel. Le rĂŽle du programme MirâArts consiste alors Ă identifier, pour chaque artiste, le contexte le plus favorable Ă la mise en valeur de son travail dans le paysage large et mouvant de la crĂ©ation contemporaine. Il sâagit par exemple dâattirer lâattention des spĂ©cialistes sur leurs Ćuvres, de les prĂ©senter au public et aux mĂ©dias dans un cadre professionnel, ou de susciter dialogues et synergies entre les productions dâartistes en situation de handicap et celles dâartistes valides». Plusieurs expositions ont atteint ces objectifs. On peut rappeler Dix sur Dix » 2015 au Commun - BĂątiment dâart contemporain de GenĂšve, oĂč dix artistes Ă©taient prĂ©sentĂ©s par dix professionnels du monde de lâart. Ou les deux expositions Ricochet » rĂ©alisĂ©es en collaboration avec Nicole Reimann Ă ET-Espace TĂ©moin 2017 et au CACY 2018, oĂč les Ćuvres dâartistes du programme ainsi que dâautres artistes en situation de handicap Ă©taient mises en dialogue avec celles de deux collections publiques respectivement le Fonds dâart contemporain de la Ville de GenĂšve et le Fonds dâart visuel de la Ville dâYverdon-les-Bains. Un des rĂ©sultats de cette rencontre a Ă©tĂ© lâacquisition, par le Fonds dâart contemporain de la Ville de GenĂšve, dâune Ćuvre dâAlexandre Baumgartner et de quatre Ćuvres de Sabrina Renlund. Une vraie consĂ©cration pour ces deux artistes, actifs depuis plus de dix ans Ă lâatelier du Foyer Clair Bois-Pinchat ! Portraits dâartistes Sabrina Renlund, Flan sensible, 2014, technique mixte sur toile, cm30x30. Fonds d'art contemporain de la Ville de GenĂšve Sabrina Renlund vit dans l'aujourd'hui. Pas de recours crĂ©atif Ă un monde fantasmatique oĂč elle se rĂ©fugierait. Non, elle subit le monde et ses soubresauts. En vĂ©ritable sismographe Ă©motionnel, elle synthĂ©tise avec un langage post-pop, flashy et diablement efficace les malaises â les siens, les nĂŽtres â inhĂ©rents Ă notre Ă©poque ainsi qu'Ă nos dĂ©mons universels. Il y a chez cette artiste la verve insoumise d'une personnalitĂ© Ă vif qui ne s'en laisse pas conter; c'est elle qui raconte les grincements de l'Ă©tat du monde et du sien. Pas de rĂ©signation pour Sabrina, de l'indignation, toujours, colorĂ©e, sonore et gĂ©nĂ©reuse.» Florence Grivel, journaliste RTS, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 David Jacot, Sans titre, 2015, aquarelle, cm 42x31 Avec dĂ©licatesse et une curiositĂ© respectueuse, David Jacot explore l'Ă©ternel fĂ©minin en restituant Ă chacun de ses dessins une identitĂ© propre qui brise l'uniformisation de la mode vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias. Chaque personnage est unique, exhibant fiĂšrement ses attributs sexuels dans des poses parfois improbables ou interagissant avec d'autres figures. Mais l'Ă©rotisme omniprĂ©sent n'est jamais vulgaire et devient mĂȘme mutin et espiĂšgle, tandis que les imperfections dont il dote ces femmes les rendent profondĂ©ment humaines et ancrĂ©es dans des histoires uniques.» Nicole Kunz, directrice de la Galerie Ferme de la Chapelle, Lancy, in Catalogue de lâexposition FĂ©minin pluriel », 2017 Markus Wittekind, Sans titre, 2018. Pastel Ă l'huile sur papier, cm 40x50 La figure de lâenfant est au cĆur des dessins de Markus Wittekind. Ici, des silhouettes sâenchainent, tracĂ©es dâun trait farouche au pastel ou Ă lâacrylique. Rarement isolĂ©s, dĂ©filant le plus souvent en cortĂšge par deux ou par trois, ou alors couchĂ©s le long des marges, ces ĂȘtres muets sâaffichent de maniĂšre frontale et nous regardent depuis un espace intemporel. La pratique artistique de Markus Wittekind sâapparente aussi Ă un jeu dâenfant, avec le plaisir Ă chaque fois renouvelĂ© de crĂ©er le mĂȘme personnage Ă lâinfini, en variant les supports, les formats, la technique et les couleurs avec la maĂźtrise de lâadulte. Comme le jeu, cette activitĂ© nâa pas une finalitĂ© en soi mais elle a du sens pour son auteur. Elle dĂ©gage une Ă©nergie physique de par le corps Ă corps quâil engage avec les matĂ©riaux, et le transporte dans un temps suspendu oĂč il aime se perdre pour ensuite se retrouver.» Teresa Maranzano, exposition Je grandirai demain », 2018, Villa Dutoit, Petit-Saconnex Isabelle Gay, Sans titre, 2015. Feutres et acrylique sur papier, cm 37x45 Dans ces reprĂ©sentations presque abstraites, Isabelle Gay noue son rapport au monde car ses dessins sont totalement habitĂ©s. C'est entre les lignes que se concentrent les souvenirs proches et lointains de l'artiste. De ce monde invisible, elle en extrait certaines traces lisibles qui se matĂ©rialisent sous forme d'Ă©criture; quelques prĂ©noms de personnes qu'elle aime et le sien qu'elle lie ainsi aux autres. [...] Des Ă©lĂ©ments d'architecture de maisons s'intĂšgrent naturellement aux structures linĂ©aires tout en marquant l'importance des lieux qu'elle a connus, bribes du monde rĂ©el qui mettent en Ă©vidence la tension subtile entre ce qui se voit et ce que l'on ne voit pas mais qui se dessine tout de mĂȘme.» Pascale Favre, artiste, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 Dragan Stanic, Des Ă©chelles, 2019. Aquarelle et encre de Chine sur papier Un grand cartable ouvert. Dedans, pĂȘle-mĂȘle, probablement une centaine d'esquisses et dâĆuvres de Dragan Stanic. Il ne faut pas chercher l'unitĂ© ni dans les formats ou les supports qu'il utilise, ni dans les techniques auxquelles il s'essaie tout est matiĂšre Ă explorer pour ce jeune artiste de 37 ans originaire de Bosnie-HerzĂ©govine. [...] Au rythme de l'exploration de sa production, on est immergĂ© dans ce monde fascinant et contrastĂ© et l'on dĂ©couvre ainsi certaines Ćuvres d'une force saisissante et d'une incroyable beautĂ©. On le quitte, bouleversĂ©.» MichĂšle Freiburghaus, conseillĂšre culturelle, Fonds d'art contemporain de la Ville de GenĂšve, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 Bernard Grandgirard, Sans titre, sans date. Crayon gris et crayons de couleur sur papier Bernard Grandgirard partira vivre un jour dans le Grand Nord. NĂ© Ă Fribourg en 1957, fascinĂ© par l'AmĂ©rique du Nord, il a dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© trois voyages aux Ătats-Unis. Mais il rĂȘve de s'installer Ă l'Ăąge de la retraite dans une cabane au Canada. En attendant ce futur, il construit son rĂȘve, lui donne du sens et du corps par le biais d'images qu'il dessine avec obstination depuis des annĂ©es. Des maisons cossues Ă la Edward Hopper aux rĂ©seaux ferroviaires imbriquĂ©s dans le tissu urbain, on dĂ©couvre ici des sĂ©maphores suspendus au-dessus d'un carrefour, lĂ une station-service de la route 66, ici encore des aires de saloon et enfin lĂ des portraits â pour ainsi dire â de camions dessinĂ©s sous diffĂ©rents angles, dans diffĂ©rentes situations, saisis Ă diffĂ©rentes vitesses. [...] Lâartiste nous embarque dans un road-movie traduit par des perspectives vertigineuses, dont le but est, rappelons-le, de trouver un jour le calme au milieu d'une nature canadienne.» Karine Tissot, directrice du CACY - Centre d'art contemporain d'Yverdon-les-Bains, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 [1] Colloque Lâart en question. Processus dâinclusion culturelle des artistes avec handicap mental ». Théùtre du Loup, GenĂšve, le 6 juin 2013. Colloque La reconnaissance de lâartiste en situation de handicap rĂŽles et responsabilitĂ©s ». HEP Vaud, Lausanne, le 5 juin 2014. La reconnaissance de lâartiste en situation de handicap. RĂŽles et responsabilitĂ©s ». Sous la direction de Teresa Maranzano et Viviane Guerdan. ASA-Handicap mental, 2016. Disponible en ligne [2] La Charte en ligne
Lavie en marge par Dominique BarbĂ©ris aux Ă©ditions Editions Gallimard. Le roman se passe dans le Jura, Ă la frontiĂšre suisse, dans les jours qui prĂ©cĂšdent et qui suivent immĂ©diatement lâarrivĂ©e de lâan 2000 et de la neige. La narra
Les personnes Ă haut potentiel ont un cerveau qui fonctionne Ă plein rĂ©gime, une sensibilitĂ© exacerbĂ©e, et une impression de vivre perpĂ©tuellement en marge. Et si cette diffĂ©rence nourrissait la sociĂ©tĂ© de demain ? PubliĂ© le 17/12/2014 Ă 1116 Temps de lecture 8 min Le cerveau dâun HP est en Ă©bullition permanente. Les IRM effectuĂ©es sur ces personnes confirment cette forte activitĂ©, avec une multitude de connexions neuronales qui se traduisent par une pensĂ©e en arborescence une idĂ©e en entraĂźnant une autre, puis une autre... Alors que chez les non-HP, seule une zone spĂ©cifique du cerveau sâanime par fonction, par exemple celle du langage pour traiter une information. Chez le surdouĂ©, penser, câest vivre. Il nâa pas le choix. Il ne peut arrĂȘter cette pensĂ©e puissante, incessante qui, sans relĂąche, scrute, analyse, intĂšgre, associe, anticipe, imagine, met en perspective⊠Aucune pause. Jamais. Alors, il pense sur tout, tout le temps, intensĂ©ment. Avec tous ses sens en alerte, explique la psychologue et auteur de livres sur le sujet, Jeanne Siaud-Facchin 1. Câest un petit vĂ©lo qui tourne sans cesse dans la tĂȘte. Jâai toujours vĂ©cu Ă cent Ă lâheure, en utilisant ce petit vĂ©lo au maximum, ce qui mâa permis de crĂ©er mon Ă©cole, confirme VĂ©ronique Meunier, 49 ans, qui a rĂ©ussi Ă rĂ©aliser ses rĂȘves malgrĂ© les critiques dont elle a fait lâobjet. Il y a vingt ans, elle a donc créé Les Ateliers de la Chaise Musicale, une Ă©cole de musique bruxelloise, caractĂ©risĂ©e par sa pĂ©dagogie diffĂ©rente, davantage axĂ©e sur des activitĂ©s ludiques et crĂ©atives que sur un apprentissage basĂ© sur la compĂ©tition. LâĂ©cole proposant aussi un Ă©veil musical dĂšs lâĂąge de 7 mois. On me disait quâun bĂ©bĂ© nâen avait rien Ă faire de la musique, que je faisais cela pour lâargent, que câĂ©tait dĂ©lirant. Et moi, jâĂ©tais convaincue quâil sâagissait dâun moyen de renforcer les liens parents-enfants et dâun bĂ©nĂ©fice Ă apporter aux petits. Penser sur le mode WikipĂ©dia Cette arborescence de la pensĂ©e, câest comme WikipĂ©dia, explique encore la directrice de la Chaise Musicale. Je consulte le site pour comprendre un mot ou un Ă©vĂ©nement, comme le krach boursier, et je me retrouve dans le fin fond de lâAustralie dans les annĂ©es 60, sans savoir comment jây suis arrivĂ©e. Ce sont des hyperliens sur tout et câest comme ça dans ma tĂȘte Ă©galement. La comparaison avec la plateforme de cette encyclopĂ©die participative en ligne est Ă©difiante. Les cerveaux des HP tournent non seulement Ă plein rĂ©gime, mais ils crĂ©ent aussi une multitude de liens entre les choses, que dâautres ne perçoivent pas forcĂ©ment. Avec une difficultĂ© qui consiste quelquefois Ă expliquer aux non-HP ce quâils perçoivent comme Ă©vident. CĂŽtĂ© bonus, il sâagit dâun moteur qui leur permet dâĂȘtre extrĂȘmement crĂ©atifs, innovants et de se surpasser. Quel est le bĂ©nĂ©fice de cette diffĂ©rence ? Une capacitĂ© Ă pouvoir travailler plus vite et facilement sur diffĂ©rents sujets Ă la fois. Cela me permet de produire plus au niveau professionnel. Mais je suis aussi trĂšs attentif Ă des dĂ©tails que dâautres ne perçoivent pas forcĂ©ment, avec une capacitĂ© Ă mâĂ©merveiller facilement et un besoin de trouver sans cesse de nouvelles idĂ©es. Jâai tendance Ă un peu charger la barque pour ne pas mâennuyer, explique Serge Ruyssinck, 48 ans, qui cumule son job de rĂ©alisateur Ă la RTBF Ă la gestion dâĂ©vĂ©nements pour la chaĂźne et Ă des prestations pour Eurosport, Ă Paris. Une sensibilitĂ© accrue Il y a quelques annĂ©es, Serge Ruyssinck a poussĂ© la porte dâun centre dâĂ©valuation des personnes Ă haut potentiel, parce quâil se rendait compte de sa mauvaise gestion Ă©motionnelle, particuliĂšrement dans sa vie privĂ©e. GuĂšre Ă©tonnant lâhypersensibilitĂ© est lâune des caractĂ©ristiques de cette diffĂ©rence. Avant, je me laissais submerger par mes Ă©motions. Je nâacceptais pas que les autres soient moins rapides que moi, cela mâirritait lorsquâon ne comprenait pas vite ce que je racontais, confie le rĂ©alisateur, qui estime sâĂȘtre â assagi â en saisissant mieux les diffĂ©rences comportementales et Ă©motionnelles propres aux HP. Aujourdâhui, son sens de lâempathie lui permet dâĂȘtre Ă lâĂ©coute de ses collaborateurs au niveau professionnel, mais aussi dans ses relations amicales. Un atout, selon lui. Mais pour en arriver lĂ , il faut parfois avoir fait du chemin. JâĂ©tais quelquâun de trĂšs empathique, une Ă©ponge Ă Ă©motions, je ressentais la souffrance dâautrui, mĂȘme sâil ne lâexprimait pas, explique de son cĂŽtĂ© VĂ©ronique Meunier, rĂ©vĂ©lĂ©e HP dans la foulĂ©e dâune demande de diagnostic pour son petit garçon. Depuis que jâai pris conscience que cette sensibilitĂ© fait partie des spĂ©cificitĂ©s des HP, jâai rĂ©ussi Ă dĂ©velopper des mĂ©canismes de protection et ça, câest extraordinaire, car je prends moins sur moi, avoue-t-elle. PrĂ©curseurs du monde de demain ? En dehors des politiciens ou artistes en tout genre, que deviennent les HP Ă lâĂąge adulte et quâapportent-ils de diffĂ©rent Ă la sociĂ©tĂ© ? Tout dĂ©pend de lâĂąge de leur diagnostic. Lorsquâils prennent conscience de leur altĂ©ritĂ© cognitive et quâils lâacceptent, ils passent gĂ©nĂ©ralement par une phase de reconstruction de leur personnalitĂ© et rĂ©alisent alors de grandes choses dans leur domaine de prĂ©dilection. La rĂ©vĂ©lation de leur douance joue souvent un rĂŽle de catalyseur identitaire, ce qui leur permet dâavancer et dâentreprendre. Une personne Ă haut potentiel qui assume sa diffĂ©rence va ĂȘtre Ă lâavant-garde de la crĂ©ation, de la recherche, de lâinnovation et des idĂ©es. Pour ĂȘtre crĂ©atif, donc ne pas refaire systĂ©matiquement tout ce que les autres font, il faut ĂȘtre un peu rebelle et avoir un sens critique fort dĂ©veloppĂ©, ne pas croire tout ce que lâon nous dit. Le monde avance grĂące Ă ces personnes aux idĂ©es hors du commun, qui voient des problĂšmes lĂ oĂč les autres nâen voient pas et qui imaginent des solutions. Les HP sont des gens qui veulent faire avancer le monde ou, au minimum, apporter leur pierre Ă lâĂ©difice, y compris dans les domaines les plus anonymes. Mais ne nous cachons pas il y a des â nids Ă HP â, notamment dans les milieux artistiques et mĂ©diatiques. La plupart des gens connus le sont, explique Thierry Biren. QI Ă©levĂ© et HP, quelle diffĂ©rence ? Les HP sont-ils des surdouĂ©s ? Ont-ils tous un QI plus Ă©levĂ© que la moyenne ? Selon le coach de lâassociation Douance, toutes les personnes dont le QI dĂ©passe le score de 128 sont HP. Mais ce ne serait pas la caractĂ©ristique la plus importante Ă prendre en considĂ©ration, car ce test dâintelligence trĂšs classique a Ă©tĂ© créé il y a un siĂšcle pour servir de rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. Il peut sâavĂ©rer rĂ©ducteur et finalement laisser passer des HP entre les mailles du filet normatif. Une personne qui aurait 125 de QI sera par exemple exclue du diagnostic classique, alors que ces quelques points de diffĂ©rence ont quelque chose dâartificiel, puisquâil sâagit dâune Ă©chelle Ă©tablie au siĂšcle dernier !, explique le coach. Cela ne signifie pas que cette personne nâest pas HP. Câest pourquoi je prĂ©fĂšre utiliser les tests qualitatifs pour Ă©tablir mon diagnostic. Lâimage que lâon se fait du surdouĂ© Ă lunettes qui rĂ©ussit ses Ă©tudes haut la main ne correspondrait finalement quâĂ un tiers des HP. Ce sont gĂ©nĂ©ralement ceux qui sollicitent davantage leur cerveau gauche, axĂ© sur le langage, le raisonnement et lâanalyse, alors que le cerveau droit que deux tiers des HP sollicitent en premier est associĂ© aux Ă©motions, Ă lâintuition et Ă la crĂ©ativitĂ©. La personne ĂŒber-intelligente et efficace serait, en revanche, celle qui mobilise autant son hĂ©misphĂšre droit que le gauche avec, dans un premier temps, le dĂ©bridement de la crĂ©ativitĂ© qui sâenclenche, puis dans un second temps, la capacitĂ© dâexĂ©cuter point par point quâelle a imaginĂ©. Câest pour cela quâil y a des juristes au Parlement qui font passer les propositions de lois imaginĂ©es par des politiciens dix ans auparavant !, commente Thierry Biren. Dans la pratique, la plupart des femmes et hommes politiques sont HP, dâoĂč les dĂ©bats houleux qui les opposent, car ils ont forcĂ©ment des idĂ©es diffĂ©rentes quâils veulent dĂ©fendre. Par rapport Ă cette guĂ©guerre sur la place Ă accorder aux tests de QI, la psychologue Jeanne Siaud-Facchin prĂ©cise que lâon confond souvent lâintelligence et la performance, les compĂ©tences et la rĂ©ussite, ainsi que le potentiel et lâefficacitĂ© intellectuelle. Alors que selon elle, ĂȘtre HP Ă©quivaut avant tout Ă un comportement psychoaffectif particulier et Ă une intelligence diffĂ©rente des autres. La vie en dĂ©calĂ© Beaucoup de HP vous le diront ils se sont toujours sentis en dĂ©calage par rapport aux autres, ce qui nâest pas forcĂ©ment facile Ă vivre. Du coup, certains ont dĂ©veloppĂ© un â faux-self â, câest-Ă -dire une adaptation de leur identitĂ© profonde pour se fondre dans la masse. Un effet camĂ©lĂ©on, inhibiteur de leur douance et souvent mal vĂ©cu⊠JâĂ©tais en dĂ©calage permanent avec tout le monde et la sociĂ©tĂ©. Pour moi, haut potentiel rimait avec hautement perturbĂ©e ! Une impression dâĂȘtre â trop â dans tout et que les choses nâĂ©taient jamais simples avec moi. Jâavais la volontĂ© de ne pas rentrer dans le rang, de ne pas rester prof dans le secondaire ou Ă lâacadĂ©mie, de ne pas obĂ©ir Ă des programmes qui ne me plaisaient pas, de pouvoir les crĂ©er moi-mĂȘme. Je nâĂ©tais pas consciente que je faisais cela parce que suis HP, mais je savais que je voulais faire les choses autrement, explique VĂ©ronique Meunier. Des annĂ©es plus tard, son Ă©cole ne dĂ©semplit pas. Elle avait vu juste ! Et comme un zeste dâutopie ne fait jamais de mal, on peut se demander si le monde actuel ne serait pas en train de fonctionner un peu plus quâauparavant selon des caractĂ©ristiques propres Ă lâhĂ©misphĂšre droit de notre cerveau, qui se traduisent actuellement par une envie croissante de changement sociĂ©tal, une dissĂ©mination de pratiques faisant appel Ă lâintelligence collective et Ă une dĂ©brouille crĂ©ative ? Certainement !, atteste Thierry Biren. Jâirais mĂȘme plus loin en rappelant que nous vivons dans un monde de plus en plus visuel, grĂące aux nouveaux mĂ©dias. On fait donc aujourdâhui davantage appel Ă des parties de notre intelligence que nous possĂ©dions dĂ©jĂ , mais qui nâĂ©taient pas autant sollicitĂ©es auparavant. Seul petit bĂ©mol cette Ă©volution nâest pas assez rapide pour ceux qui doivent encore sâadapter Ă un monde dont la logique de fonctionnement reste malgrĂ© tout celle de lâhĂ©misphĂšre gauche, de lâorganisation et de la rationalitĂ© efficace⊠Une question de temps ? 1 Auteure de plusieurs livres sur la douance, dont â Trop intelligent pour ĂȘtre heureux ? Lâadulte surdouĂ© â, Ă©d. Odile Jacob, 2012, 320 p., 23,20 âŹ. Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Allez au-delĂ de l'actualitĂ© DĂ©couvrez tous les changements DĂ©couvrir Ă la Une Entretien Caroline DĂ©sir LâĂ©cole aujourdâhui câest bien plus quâune histoire dâenfants rois» Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Guerre en Ukraine Zelensky rĂ©clame la venue de lâAIEA Ă la centrale de Zaporijjia Une camionnette fonce sur une terrasse Ă Bruxelles un dĂ©sastre frĂŽlĂ© de quelques centimĂštres Par Arthur Sente et Louis Colart Europa League lâUnion Saint-Gilloise lancera sa campagne Ă Berlin le 8 septembre Energie la taxation des surprofits toujours dans les limbes Par Jean-François Munster Pessimistes, cinq banques abaissent leurs prĂ©visions de croissance pour la Belgique
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Modede vie des artistes en marge de la société Dans ses romans, il a recherché le Temps perdu Déprécier quelqu'un jusqu'à le rendre méprisable Train qui fait Paris-Bruxelles Petit croissant sur l'ongle Violent retour des vagues qui ont
GiNu.