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Lartiste d’aujourd’hui ne peut plus vivre en marge de son temps et de la sociĂ©tĂ©. Par expĂ©rience, l’artiste peintre ne peut pas vivre uniquement au travers d’une seule galerie ou d’un site web sans trafic. Il faut s’investir socialement, entretenir des relations publiques. La communication doit dĂ©boucher sur des vernissages
Accueil Revues Espaces et sociĂ©tĂ©s NumĂ©ro 2017/4 n° 171 Zone l’espace d’une vie... Éditorial Zone l’espace d’une vie en marge Suivre cet auteur JĂ©rĂŽme Beauchez, Suivre cet auteur Florence Bouillon, Suivre cet auteur Djemila Zeneidi Dans Espaces et sociĂ©tĂ©s 2017/4 n° 171, pages 7 Ă  18 Suivant ArticlePlanBibliographieAuteursCitĂ© parfile_downloadTĂ©lĂ©charger Article MĂȘme si on dort dans la rue, on n’est pas des loques. On est des chĂŽmeurs, des zonards, des mancheurs, mais on n’est pas des clochards. » Propos anonymes, recueillis dans la rue par Lionelle Reynes 1985, p. 38 1 Alors que le quotidien des jeunes de banlieue » ou des bandes ethniques » focalise depuis plusieurs dĂ©cennies l’attention des sociologues, l’autre visage des jeunesses relĂ©guĂ©es que prĂ©sentent les zonards » reste quant Ă  lui quasi invisible du point de vue des sciences sociales europĂ©ennes. Rares sont en effet les Ă©tudes de ces nomades du vide » Chobeaux, 2004 que seraient ces jeunes de la rue, que l’on dit aussi en errance » Laberge et Roy, 1996 ; Pattegay, 2001 ; Parazelli, 2002. Population sans domicile aux allures bigarrĂ©es, souvent accompagnĂ©e de ses chiens, ils apparaissent surtout dans le rĂŽle du mancheur rĂ©clamant la piĂšce sur le pavĂ© des centres-ville ou au seuil des supermarchĂ©s. À la fois terme vernaculaire et concept proche de l’expĂ©rience, le mot zonard est celui que la plupart choisissent pour se dĂ©signer Pimor, 2014. La zone Ă©voque alors un mode de vie supposant de tracer sa route dans les marges de la sociĂ©tĂ© de consommation Angeras, 2012, d’oĂč les appellations de traceurs ou de routards Ă©galement employĂ©es par certains. 2 L’étymologie du terme renvoie Ă  la zone non aedificandi non constructible qui s’étendait au-delĂ  des fortifications de Paris. AprĂšs la guerre de 1870, la destination exclusivement militaire de cet espace a Ă©tĂ© peu Ă  peu abandonnĂ©e pour cĂ©der la place Ă  l’installation de baraquements, de roulottes et de taudis qui ont regroupĂ© les travailleurs pauvres, les chiffonniers, les vagabonds, les mendiants et autres reprĂ©sentants des classes dangereuses » dont Louis Chevalier a rĂ©alisĂ© une cĂ©lĂšbre historiographie Chevalier, 2002. Aux marges de Paris, les zoniers » incarnent alors la figure du paria urbain qui inquiĂšte ou menace la sociĂ©tĂ© bourgeoise. PhotographiĂ©s par EugĂšne Atget [1] 1913 et filmĂ©s par Georges Lacombe 1928, ils apparaissent comme mis au ban d’une sociĂ©tĂ© industrielle qui les a frappĂ©s d’infamie. 3 Les zonards d’aujourd’hui composent une nouvelle strate de l’archĂ©ologie des marges urbaines. RĂ©cente, elle trouve ses racines syncrĂ©tiques loin des anciennes fortifications de Paris, dans l’entremĂȘlement des subcultures punk et traveller nĂ©es outre-Manche au cours des dĂ©cennies 1970 et 1980. Tandis que la zone d’hier correspondait Ă  un territoire bien dĂ©limitĂ©, celle d’aujourd’hui se matĂ©rialise dans les dĂ©placements de groupes qui Ă©voluent principalement dans les intervalles des villes. Si les zonards contemporains ne sauraient par consĂ©quent ĂȘtre vus comme leurs descendants directs, ils partagent nĂ©anmoins avec les zoniers d’autrefois certaines propriĂ©tĂ©s de situation dans l’espace social. Les uns comme les autres restent en effet confinĂ©s Ă  des espaces caractĂ©risĂ©s par la relĂ©gation, Ă  des situations Ă©rigĂ©es en problĂšme social. Ainsi la prĂ©sence et la visibilitĂ© des zonards – particuliĂšrement remarquĂ©es depuis le tournant des annĂ©es 2000 Ă  l’occasion des festivals dĂ©diĂ©s Ă  la musique ou aux arts de rue – sont-elles le plus souvent envisagĂ©es comme relevant d’une problĂ©matique d’encadrement d’une fraction de la jeunesse considĂ©rĂ©e comme dĂ©viante. Ils font l’objet d’une culture du contrĂŽle » Garland, 2001 qui oscille entre mesures de bannissement prises par certaines mairies et tentatives de rĂ©gulation d’une prĂ©sence dont il s’agit de maĂźtriser les potentiels effets pathogĂšnes. Les questions du sans-abrisme et de l’insĂ©curitĂ© ont dĂšs lors Ă©tĂ© posĂ©es, aux cĂŽtĂ©s des problĂšmes de santĂ© publique liĂ©s aux consommations d’alcool et de produits stupĂ©fiants Chobeaux, 2004, p. 41-42 ; Hurtubise et Vat Laaroussi, 2002 ; Van Hout, 2011. 4 Ainsi la vie et le quotidien des zonards apparaissent-ils essentiellement en nĂ©gatif de ce qu’en disent les pouvoirs publics ou les instances de rĂ©gulation sanitaire et sociale Langlois, 2014. Un nĂ©gatif qui, Ă  la maniĂšre d’une image photographique oĂč les contrastes apparaissent comme inversĂ©s, ne donne Ă  voir qu’un reflet d’une rĂ©alitĂ© dont ressortent les dĂ©fauts, comme les manques. Ce numĂ©ro d’Espaces et SociĂ©tĂ©s a pour objet de proposer une autre prise de vue. Celle-ci ouvre sur une double perspective la premiĂšre cible les modalitĂ©s d’intervention, ou de non-intervention, de la puissance publique vis-à‑vis des habitants et des acteurs de la zone. Hier comme aujourd’hui, comment les institutions font-elles face Ă  des populations qui, de maniĂšre subie ou choisie, se situent Ă  la marge des centralitĂ©s urbaines comme des normes sociales communĂ©ment partagĂ©es ? Quels sont les marges de manƓuvre accordĂ©es, les modalitĂ©s de rĂ©pression, les terrains d’entente Ă©ventuels, et comment se traduisent-ils du point de vue de la gestion de ces indĂ©sirables » ? La seconde focale a pour objet de restituer de l’intĂ©rieur les systĂšmes de valeurs qui orientent les actions des zonards. Du point de vue de ses acteurs, que dĂ©signe au juste ce signifiant dont la plasticitĂ© renvoie aux idĂ©es d’un espace indissociablement physique et symbolique ? Autrement dit, qu’il relĂšve de l’auto-attribution ou du stigmate, Ă  quoi correspond exactement le label zonard dans les mondes de la marge et leurs territoires ? Quels en sont les codes et de quelles façons se transmettent-ils ? 5 Pour rĂ©pondre Ă  cette double interrogation, ce dossier se dĂ©cline en trois thĂ©matiques. Les deux premiers articles traitent de la zone parisienne dans une perspective sociohistorique. Les trois articles suivants proposent une description dense » Geertz, 2003 des modes de vie zonards aujourd’hui, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ces modes de vie valorisent une forme d’entre-soi tentĂ© par le dĂ©tachement vis-à‑vis de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Enfin, parce que la zone ne constitue jamais un espace totalement Ă  part, l’ensemble se clĂŽt par une analyse du recours aux dispositifs de l’infra-assistance, incluant la maniĂšre dont ce recours s’inscrit dans la construction d’une identitĂ© zonarde revendiquĂ©e. 6 En finalitĂ©, l’objet de ce dossier rĂ©side dans les diffĂ©rentes façons de produire ces formes mouvantes de marginalitĂ©, dont les frontiĂšres indĂ©cises fluctuent entre conceptions Ă©miques la perspective des zonards et visions Ă©tiques celles de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e et des pouvoirs publics. PlutĂŽt que de rĂ©duire le flou dont la notion de zone est empreinte, nous avons donc considĂ©rĂ© son caractĂšre labile comme le principal levier d’une approche qui articule espace et histoire ou diachronie et synchronie des usages et des modes de gestion d’une territorialitĂ© marginale. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gation7 La premiĂšre partie de notre dossier dĂ©taille le passage de la figure du zonier Ă  celle du zonard, et donc la progressive modification des territoires de la zone. Cette enquĂȘte est ouverte par Anne Granier, laquelle concentre ses efforts sur la pĂ©riode de l’entre-deux-guerres et la microhistoire d’un segment de la zone parisienne situĂ© Ă  Boulogne-sur-Seine. L’auteure s’est consacrĂ©e Ă  retracer la gĂ©nĂ©alogie du peuplement comme des conflits qui ont animĂ© cet espace, marquĂ© par l’la intolĂ©rance des pouvoirs publics Ă  l’égard de ses occupants. En effet, si les pouvoir publics tolĂ©raient l’existence de la zone faute de mieux, par nĂ©cessitĂ© de loger les plus pauvres d’entre les ouvriers qui ne pouvaient s’acquitter des loyers de Paris intra-muros, ils n’avaient pourtant de cesse de vouloir Ă©liminer le problĂšme social qu’ils constituaient Ă  leurs yeux. La tolĂ©rance cĂ©dait alors le pas Ă  l’intolĂ©rance pour des zoniers constamment en porte-Ă -faux vis-à‑vis de la loi. Or, les gens sans aveu » n’ont pas tĂ©moignĂ© seuls subsistent les propos tenus par ceux – dĂ©cideurs politiques, reprĂ©sentants de la loi et, plus rarement, petits propriĂ©taires zoniers – qui Ă©taient en charge de l’administration quotidienne de cette enclave partagĂ©e entre Paris et banlieue, de mĂȘme qu’entre reconnaissance partielle et marginalitĂ©. C’est donc le quotidien de ce territoire ambivalent qu’Anne Granier s’est efforcĂ©e d’exhumer des archives, territoire qui fait moins l’objet d’une rĂ©pression que d’un abandon surveillĂ© oĂč, tout au long des annĂ©es 1920 et 1930, les pauvres sont restĂ©s dans la visĂ©e des pouvoirs publics qui les ont encadrĂ©s mollement, les abandonnant le plus souvent Ă  leur sort, dans l’attente de trouver une hypothĂ©tique solution Ă  leur indigence. 8 Élargissant la focale historique portĂ©e sur la zone de Paris, James Cannon interroge pour sa part la dĂ©clinaison historique des labels de dangerositĂ© et d’infamie que la zone a charriĂ©s tout au long du xxe siĂšcle. De la Belle Époque aux annĂ©es 1970, en passant par l’entre-deux-guerres, l’auteur puise dans diverses sources, dont celles de la littĂ©rature et de la chanson populaire, pour montrer comment les gĂ©nĂ©rations successives de zoniers et de zonards ont incarnĂ© diffĂ©rentes versions des classes dangereuses » Ă©voluant aux marges de Paris. Tour Ă  tour perçus comme des rĂ©volutionnaires en puissance, des agents de l’étranger et des hommes dĂ©pravĂ©s voire les trois Ă  la fois, les zoniers ont constituĂ© une figure marginale et le plus souvent criminalisĂ©e ; cette criminalisation a suivi diverses inspirations, selon les analystes et leurs sensibilitĂ©s idĂ©ologiques ou religieuses. C’est ainsi que la zone et ses habitants apparaissent comme d’efficaces rĂ©vĂ©lateurs de la maniĂšre dont la sociĂ©tĂ© française a construit ses figures de l’altĂ©ritĂ© tout au long du premier xxe siĂšcle. Mais quid des Trente Glorieuses au cours desquelles la zone est effacĂ©e par les travaux du pĂ©riphĂ©rique urbain, disparaissant ainsi en tant qu’espace annulaire qui constituait une ceinture de misĂšre autour de Paris ? Avec l’émergence de la figure moderne du zonard au dĂ©tour de la dĂ©cennie 1970, James Cannon montre que la zone dĂ©mantelĂ©e en tant qu’espace physique se reconstitue comme style de vie marginal ; un style de vie dont les habitudes et les usages de la ville entrent le plus souvent en contradiction avec les rĂšgles, voire les lois en vigueur dans la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. La zone, territoire de rĂ©sistances ?9 Le texte de James Cannon, qui se termine par cette Ă©vocation des zonards de la dĂ©cennie 1970, fait ainsi la jonction avec la suite du dossier. En retraçant l’ethnobiographie de Gavroche, JĂ©rĂŽme Beauchez engage en effet un dialogue avec un zonard des annĂ©es 1990 et 2000, dealer de drogues et voyou auto-proclamĂ©, sur le fond d’une anthropologie collaborative [2]. Tandis que le rĂ©cit de cette expĂ©rience de la zone Ă©nonce son code du deal et de la rue, le chercheur interroge les significations d’une telle conduite de vie dont il souligne moins la rĂ©sistance qu’une certaine conformitĂ© avec les principes les plus communs du commerce lĂ©gal et de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Gavroche dĂ©crit en effet les savoir-faire, comme le savoir-survivre » Zeneidi-Henry, 2002 et les rĂšgles qui prĂ©sident Ă  son mĂ©tier de dealer ; un mĂ©tier dont l’exercice est articulĂ© aux espaces de la zone dans lesquels il fait figure de patron d’une petite entreprise criminelle centrĂ©e sur la maximisation du profit. Les moyens sont ceux des techniques de vente et de management oĂč la violence se justifie par les nĂ©cessitĂ©s d’un marchĂ© dont les Ă©changes – petits ou grands – alimentent un vĂ©ritable capitalisme de la rue. En pĂ©nĂ©trant de plain-pied cette zone partagĂ©e entre les commerces interlopes les plus cachĂ©s et les principes marchands les plus avouĂ©s, l’article offre une perspective incarnĂ©e sur une maniĂšre de vivre et de constituer un territoire dont la marginalitĂ© ne signifie aucunement l’opposition radicale ou l’absence de contact avec la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. 10 Une Ă©chelle et un mode de description similaires ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©s par Marcelo Frediani, dont l’enquĂȘte ethnographique conduite pendant la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1990 aux cĂŽtĂ©s des New Travellers en Grande-Bretagne Frediani, 2009 permet d’éclairer la gĂ©nĂ©alogie et le mode de vie de groupes qui ont fortement influencĂ© les gĂ©nĂ©rations actuelles de zonards français [3]. L’auteur dresse un portrait de celles et ceux dont il a partagĂ© la vie quotidienne en camion, sur les routes et dans des campements aussi sauvages qu’éphĂ©mĂšres ; une vie que l’auteur dĂ©crit comme adossĂ©e Ă  une culture alternative inspirĂ©e d’un syncrĂ©tisme d’influences marginales qui vont du mouvement hippie Ă  l’anarcho-punk, en passant par les spiritualitĂ©s new age, la musique Ă©lectronique et les free parties [4]. Tout l’enjeu du texte de Marcelo Frediani consiste dĂšs lors Ă  rassembler ces faisceaux d’influences et d’expĂ©riences autour de la question du besoin radical » d’espace qui aurait conduit les Travellers Ă  prendre la route. Que l’on ne s’y trompe pas un tel besoin n’est pas aussi trivial qu’un simple appel de la vie au grand air. S’il est radical, c’est justement parce qu’il rĂ©pond, selon le chercheur, Ă  une nĂ©cessitĂ© créée par les forces d’éviction du capitalisme nĂ©olibĂ©ral qui poussent les plus fragiles vers les marges du salariat et de l’habitat conventionnel. Il s’agit alors aussi bien d’échapper Ă  la spirale de l’enfermement dans les logiques du dĂ©classement que de combler ses besoins vitaux – se nourrir, se loger, nouer des rapports sociaux – et de s’engager dans une forme de radicalisme infrapolitique, ou de contre-culture, capable de constituer une alternative Ă  l’éviction. Cette alternative s’exprime au travers des communautĂ©s de pratique » que forment les Travellers en s’inscrivant dans des rĂ©seaux d’entraide fondĂ©s sur un socle de valeurs communes. Elle constitue Ă©galement une forme de retournement des stigmates qui conduit les Ă©vincĂ©s Ă  faire de leur Ă©viction un principe de libertĂ© ou, Ă  tout le moins, de rĂ©invention d’un espace du quotidien qui semble reprendre ses droits aux marges de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e [5]. 11 Nombre de parallĂšles peuvent ainsi ĂȘtre tracĂ©s avec la zone de Gavroche dĂ©crite par JĂ©rĂŽme Beauchez. Dans les deux cas, l’engagement marginal relĂšve moins d’une opposition que d’une alternative aux fonctionnements socio-Ă©conomiques marquĂ©s par les logiques d’exclusion du capitalisme nĂ©olibĂ©ral. Tandis que Gavroche s’est contentĂ© de les retourner Ă  son avantage dans les territoires oĂč il s’est comportĂ© en patron de sa petite entreprise criminelle, les Travellers rencontrĂ©s par Marcelo Frediani ont pour leur part conçu une critique radicale de ces fonctionnements. Cela Ă©tant, pas plus que Gavroche, ils n’envisagent de fonder un mouvement qui aurait pour objet de promouvoir un changement de sociĂ©tĂ©. De leur point de vue, il s’agirait plutĂŽt d’échapper Ă  sa violence et de prendre le large, entre soi. 12 Un entre-soi que l’anthropologue et photographe Ralf Marsault a Ă©galement documentĂ© depuis sa longue expĂ©rience des Wagenburgen berlinoises. Celles-ci dĂ©signent les rassemblements de caravanes et de camions qui ont commencĂ© Ă  s’établir dans les friches et autres interstices de la ville peu aprĂšs la chute du Mur Ă  la fin de l’annĂ©e 1989 Marsault, 2010. Ouverts illĂ©galement, ces espaces oĂč se sont installĂ©s Travellers, punks et zonards issus de toute l’Europe avec une majoritĂ© de Britanniques et de Français font l’objet d’une certaine tolĂ©rance de la part des pouvoirs publics. De tels campements constituent un excursus europĂ©en Ă  l’histoire des Travellers retracĂ©e par Marcelo Frediani, de mĂȘme qu’une sorte de pendant germanique et fin de siĂšcle le xxe plutĂŽt que le xixe de la zone parisienne. À l’instar de cette derniĂšre, nombre de Wagenburgen se sont en effet Ă©tablies sur une ancienne zone militaire non aedificandi celle du no man’s land qui sĂ©parait l’Est et l’Ouest de Berlin Marsault, 2010, p. 36. Il n’est pas jusqu’à l’appellation de Wagenburg qui ne garde une connotation martiale, puisque le terme a d’abord dĂ©signĂ© une tactique de dĂ©fense consistant Ă  Ă©riger un mur de chariots » Wagen signifiant le vĂ©hicule et Burg l’idĂ©e de place forte pour parer les attaques de l’ennemi sur les champs de bataille. De loin en loin, cette idĂ©e semble perdurer aujourd’hui parmi les Wagenburger. La plupart conçoivent leur mode de vie Ă  la façon d’une rĂ©sistance – certes plus passive qu’agressive – impliquant une stratĂ©gie de repli qui les prĂ©serverait des obligations comme des injonctions Ă  la normalisation. Ralf Marsault se concentre alors sur les constructions qui font la Wagenburg – ses venelles, ses placettes et ses maisons –, et procĂšdent d’un ensemble de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration que les Wagenburger dĂ©tournent afin de concevoir une maniĂšre originale d’investir leur territoire et de l’habiter. Ce systĂšme d’objets est conçu par l’auteur comme la projection au sol des reprĂ©sentations qui animent les habitants. Au-delĂ  d’une simple figure du campement, cette hypothĂšse lui permet d’observer la Wagenburg comme une tentative de situationnisme sauvage qui n’est pas sans Ă©voquer une version punk de la Nouvelle Babylone imaginĂ©e par Constant [6]. Tracer les cartes de significations » d’une subculture marginale13 Outre les convergences dĂ©jĂ  relevĂ©es, les trois Ă©tudes prĂ©sentĂ©es au point prĂ©cĂ©dent partagent un mĂȘme intĂ©rĂȘt pour ces territoires qui sont le fait d’individus et de groupes Ă©voluant dans ce que Patrick Brunetaux et Daniel Terrolle Ă©d., 2009 ont appelĂ© l’ arriĂšre-cour de la mondialisation ». Depuis l’enracinement subjectif dans la zone de Gavroche jusqu’aux objets qui peuplent le territoire des Wagenburger en passant par le systĂšme de valeurs des Travellers, cette arriĂšre-cour a Ă©tĂ© investie par des enquĂȘtes qui, sans pour autant sacrifier Ă  une forme de romantisme des marges, ont refusĂ© l’essentialisation misĂ©rabiliste conduisant Ă  enfermer les pauvres dans leur pauvretĂ©, ou Ă  condamner les dĂ©classĂ©s au dĂ©classement. Par la mise en Ă©vidence du tout un savoir-survivre – fĂ»t-il parfois violent comme dans le cas de Gavroche –, il s’est plutĂŽt agi de souligner l’agentivitĂ© alternative [7] dont font preuve celles et ceux qui s’efforcent de construire une Ă©chappatoire et d’inventer leurs territoires en marge de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e. Pour autant, celle-ci ne disparaĂźt pas d’un quotidien fait d’évitements, mais aussi de frottements plus ou moins rĂąpeux avec des institutions et des lois censĂ©es encadrer celles et ceux qui affichent leur souhait d’y Ă©chapper. 14 Ces frottements sont au cƓur de l’article signĂ© par CĂ©line RothĂ©, laquelle nous ramĂšne en France, pour conclure ce dossier par une rĂ©flexion sur la façon dont les zonards perçoivent et utilisent les dispositifs d’assistance qui leur sont destinĂ©s, en particulier celui d’un accueil de jour dit Ă  bas seuil d’exigence. Ce lieu est pris dans une nĂ©gociation permanente entre logiques zonardes et relatif effacement des travailleurs sociaux, qui maintiennent toutefois la prĂ©sence discrĂšte d’un cadre assorti de ses rĂšgles. Rien du style de vie des zonards n’est forclos de ce lieu les chiens y ont droit de citĂ© mais en nombre limitĂ©, tout comme les substitutifs aux opiacĂ©s dont la consommation addictive – comme celle d’autres substances – concerne un nombre consĂ©quent de celles et ceux qui disent avoir choisi la rue. L’idĂ©e d’un tel choix, comme ses mises en rĂ©cit, fournissent Ă  la chercheuse un matĂ©riau Ă  partir duquel sont interrogĂ©es des conceptions de la mobilitĂ© et du territoire qui voudraient renverser la situation de relative assistance dans laquelle la sociologue trouve ses enquĂȘtĂ©s. À ce titre, les lieux de l’urgence sociale ne sont pas de simples pourvoyeurs de services de premiĂšre nĂ©cessitĂ© ; ils apparaissent avant tout comme des lieux de socialisation zonarde et de requalification symbolique pour les reprĂ©sentants de ces groupes par ailleurs largement disqualifiĂ©s. 15 La recherche sur la zone et ses expĂ©riences n’en est encore qu’à ses balbutiements. Cette livraison d’Espaces et SociĂ©tĂ©s propose une premiĂšre articulation d’enquĂȘtes Ă  partir desquelles sont retracĂ©es quelques-unes des cartes de significations » qu’utilisent les zonards pour s’orienter dans leurs mondes [8]. Situer de tels rĂ©seaux de signifiance dans l’histoire et les espaces de la zone nous a conduits Ă  apprĂ©hender les diffĂ©rentes façons dont ses acteurs donnent du sens Ă  leurs conduites comme aux styles de vie qu’ils ont privilĂ©giĂ©s ; pratiques fondĂ©es dans une certaine promotion de la solidaritĂ©, mais qui se paye parfois au prix fort de la rue, dont les duretĂ©s n’épargnent pas ceux qui disent l’avoir choisie et l’aimer. 16 Si les anthropo-logiques zonardes sont des visions du monde et des solutions pour le vivre, leur comprĂ©hension de l’intĂ©rieur constitue dans le mĂȘme temps une condition sine qua non pour Ă©tablir une base de dialogue capable de faire socle Ă  une vĂ©ritable rencontre entre le monde des institutions et celui des zonards, lequel ne saurait ĂȘtre rĂ©duit Ă  un espace oĂč rĂ©gnerait l’anomie. Tandis que les communitas qu’ils forment apparaissent au premier regard comme des contre-structures » dont les dĂ©rĂšglements se heurtent aux principes organisateurs de la sociĂ©tĂ© instituĂ©e Turner, 1990, les enquĂȘtes prĂ©sentĂ©es ici laissent apparaĂźtre les multiples points de jonction qui nous rapprochent d’eux. Voici sans doute l’une des questions fondatrices des sciences sociales Ă  laquelle nous confronte l’étude de la zone. Car il en va ici comme de toute production d’altĂ©ritĂ©, qui soit maximise la dissemblance pour la cĂ©lĂ©brer ou la condamner, soit insiste sur la ressemblance afin d’annihiler les diffĂ©rences. PlutĂŽt que de la refermer, ce dossier ambitionne de rĂ©vĂ©ler une nouvelle facette de cette question, qu’il ne faut assurĂ©ment pas cesser d’ouvrir. Notes [1] Atget EugĂšne, 1913, Zoniers, sĂ©rie de photographies rĂ©alisĂ©es Ă  Paris entre 1899 et 1913, archivage sur le site internet de la BibliothĂšque nationale de France, [url consultĂ© le 14 avril 2017. [2] Beauchez a exposĂ© ailleurs la vision comme les dĂ©terminants biographiques de son enquĂȘte Beauchez, 2017. Tout comme Tristana Pimor a rĂ©flĂ©chi dans les colonnes d’Espaces et SociĂ©tĂ©s Ă  ces formes de symĂ©trie dans l’investigation qu’elle a coconstruite avec un groupe de zonards Pimor, 2016. [3] Sur le mĂȘme sujet, voir Ă©galement l’ouvrage pionnier de Kevin Hetherington 2000 ou les photographies publiĂ©es par Traveller Dave Fawcett, qui a mis en images sa communautĂ© nomade et leurs façons d’habiter en perpĂ©tuel voyage Fawcett, 2012. [4] Il s’agit de fĂȘtes techno tenues en plein air, le plus souvent sans autorisation et, donc, sur des terrains ou des champs squattĂ©s pour l’occasion. [5] Cette importance de la rĂ©appropriation d’un territoire en tant qu’ancrage d’une identitĂ© positive – et non plus seulement dĂ©finie par la nĂ©gativitĂ© du dĂ©faut ou du manque – a Ă©tĂ© soulignĂ©e par Emmanuel Renault et Djemila Zeneidi Ă  partir de l’enquĂȘte que celle-ci a menĂ©e pendant plusieurs annĂ©es dans une friche industrielle transformĂ©e en scĂšne artistique anarcho-punk Renault et Zeneidi-Henry, 2008. [6] New Babylon est une utopie architecturale pensĂ©e par Constant Nieuwenhuys, un artiste nĂ©erlandais fondateur du mouvement Cobra et compagnon de route de l’Internationale situationniste. L’idĂ©e fondatrice de la Nouvelle Babylone – Ă  laquelle Constant a travaillĂ© de 1956 Ă  1974, influençant toute une gĂ©nĂ©ration d’architectes et d’urbanistes – est que les relations sociales doivent ĂȘtre au principe de l’édification spatiale d’une ville nomade, entiĂšrement montĂ©e sur pilotis et dont les configurations sont conçues comme perpĂ©tuellement mouvantes les bĂątiments sont modulables au grĂ© des situations que crĂ©ent les habitants Ă  propos de l’Ɠuvre de Constant, voir Zegher et Wigley Ă©d., 2001. [7] Ou de documenter les compĂ©tences prĂ©caires », qui dĂ©signent les multiples savoir-faire et savoir-ĂȘtre, inĂ©galement protecteurs, acquis au cours de l’expĂ©rience de la prĂ©caritĂ© par les acteurs sociaux disposant de faibles ressources Ă©conomiques, sociales et symboliques Bouillon, 2009, p. 203-213. [8] Au sens oĂč Stuart Hall et Tony Jefferson ont Ă©crit que les cartes de signification » maps of meaning consistent dans les aspects d’une subculture Ă  partir desquels ses membres dessinent l’intelligibilitĂ© de leur environnement quotidien Hall et Jefferson Ă©d., 2006, p. 4. Une sociohistoire de la zone, espace de relĂ©gationLa zone, territoire de rĂ©sistances ?Tracer les cartes de significations » d’une subculture marginale RĂ©fĂ©rences bibliographiquesAngeras AnaĂŻs, 2012, Du nomadisme contemporain en France. Avec les saisonniers agricoles en camion, ouvrage ligneBeauchez JĂ©rĂŽme, 2017, L’ethnographe dans le sous-terrain fragments biographiques », Anthropologica, vol. 59, no 1, p. 101-113. En ligneBouillon Florence, 2009, Les mondes du squat. Anthropologie d’un habitat prĂ©caire, Paris, Presses universitaires de Patrick et Terrolle Daniel Ă©d., 2010, L’arriĂšre-cour de la mondialisation. Ethnographie des paupĂ©risĂ©s, Brignais, Les Éditions du Louis, 2002 [1958], Classes laborieuses et classes dangereuses Ă  Paris pendant la premiĂšre moitiĂ© du xixe siĂšcle, Paris, François, 2004 [1996], Les nomades du vide. Des jeunes en errance, de squats en festivals, de gares en lieux d’accueil, Paris, La Traveller Dave, 2012, Traveller Homes, Stroud, Amberley Marcelo, 2009, Sur les routes. Le phĂ©nomĂšne des New Travellers, Paris, Éditions ligneGarland David, 2001, The Culture of Control. Crime and Social Order in Contemporary Society, Chicago, University of Chicago Clifford, 2003 [1973], La description dense. Vers une thĂ©orie interprĂ©tative de la culture », L’EnquĂȘte de terrain, D. CefaĂŻ Ă©d., Paris, La DĂ©couverte, p. Stuart et Jefferson Tony Ă©d., 2006 [1976], Resistance through Rituals. Youth Subcultures in Post-War Britain, Londres-New York, Kevin, 2000, New Age Travellers. Vanloads of Uproarious Humanity, Londres-New York, Cassell. En ligneHurtubise Roch et Vatz Laaroussi MichĂšle, 2002, RĂ©seaux, stratĂ©gies et compĂ©tences pour une analyse des dynamiques sociales Ă  l’Ɠuvre chez les jeunes de la rue », L’homme et la sociĂ©tĂ©, no 143-144, p. ligneLaberge Danielle et Roy Shirley Ă©d., 1996, dossier Jeunes en difficultĂ© de l’exclusion vers l’itinĂ©rance », Cahiers de recherche sociologique, no Georges, 1928, La Zone. Au pays des chiffonniers, court mĂ©trage muet, 28’, Paris, Les Films Charles Dullin. En ligneLanglois Emmanuel, 2014, De l’inconvĂ©nient de n’ĂȘtre le problĂšme de personne cĂ©citĂ© institutionnelle et vulnĂ©rabilitĂ© sociale des jeunes en errance », PensĂ©e plurielle, no 35, p. Ralf, 2010, RĂ©sistance Ă  l’effacement. Nature de l’espace et temporalitĂ© de la prĂ©sence sur les Wagenburgs de Berlin entre 1990 et 1996, Dijon, Les Presses du Michel, 2002, La rue attractive. Parcours et pratiques identitaires des jeunes de la rue, Sainte Foy, Presses de l’universitĂ© du QuĂ©bec. 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Quatre artistes plasticiens (Jacques Charlier, Bob Verschuren, Ronny Delrue et FrĂ©dĂ©ric Gaillard) ont prĂ©parĂ© des oeuvres avec quatre handicapĂ©s. Ils ont travaillĂ© en duos pendant cinq Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse Ă  cette Ă©tape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de Word Lanes Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© . Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă  ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. Solution Word Lanes Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© Vous pouvez Ă©galement consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Word Lanes BOHÈME Nous pouvons maintenant procĂ©der avec les solutions du sujet suivant Solution Word Lanes 243. Si vous avez une remarque alors n’hĂ©sitez pas Ă  laisser un commentaire. Si vous souhaiter retrouver le groupe de grilles que vous ĂȘtes entrain de rĂ©soudre alors vous pouvez cliquer sur le sujet mentionnĂ© plus haut pour retrouver la liste complĂšte des dĂ©finitions Ă  trouver. Merci Kassidi Moinsde 500 500 - 1000 1000 - 2000 2000 - 5000 5000 - 10000 Plus de 10000; Autres supports. Collages Gravures & estampes Arts numĂ©riques Design Art textile Artistes. Peintres Photographes Sculpteurs Dessinateurs Tous les artistes; Galeries d'art; Foires et salons d'art; Collections exclusives
Par Teresa Maranzano, historienne de l’art, responsable du programme Mir’Arts, ASA – Handicap mental, GenĂšve En 2008, une enquĂȘte menĂ©e dans les cantons romands avait dressĂ© un inventaire des pratiques artistiques dĂ©veloppĂ©es dans les institutions et par des associations. Ces diverses expĂ©riences manquaient de visibilitĂ© et n’étaient pas reliĂ©es entre elles. C’est pour crĂ©er ce lien que le programme Mir’Arts a alors Ă©tĂ© lancĂ© par ASA – Handicap mental, association qui Ɠuvre pour la participation sociale des personnes avec un handicap mental et le respect de leurs droits. Ce programme a mis en rĂ©seau plusieurs ateliers d’arts plastiques et a sĂ©lectionnĂ© une trentaine d’artistes sur la base de critĂšres qui constituent aujourd’hui encore les conditions pour ĂȘtre intĂ©grĂ© Ă  la dĂ©marche Avoir une large production, un style original et une pratique constante dans le temps Avoir envie d’exposer ses Ɠuvres Travailler dans un espace bien Ă©quipĂ©, avec des matĂ©riaux de qualitĂ© Être accompagnĂ© par un professionnel du monde de l’art, autant dans le processus de crĂ©ation que dans la diffusion de ses Ɠuvres. Le programme a pour objectifs de promouvoir et diffuser les Ɠuvres de ces artistes dans le milieu de l’art contemporain, en encourageant leur reconnaissance artistique et leur participation sociale et culturelle. Quels droits et quelle formation ? Pour Ă©laborer les objectifs, une commission composĂ©e de huit professionnels a travaillĂ© entre 2010 et 2014 autour de trois axes les enjeux juridiques et Ă©thiques du statut d’artiste des personnes en situation de handicap, la lĂ©gislation relative aux droits des auteurs, la formation adaptĂ©e Ă  ces derniers et la formation des professionnelles qui les accompagnent. Ce travail de prĂ©curseur s’est fait Ă  travers des rencontres permettant l’échange d’informations, de compĂ©tences, d’expĂ©riences et de rĂ©flexions. Dans un deuxiĂšme temps, la commission a conviĂ© experts et personnes concernĂ©es Ă  se pencher sur ces sujets et Ă  partager les rĂ©sultats de leurs recherches, notamment autour de deux colloques et d’une publication collective [1]. L’aboutissement de ce long chantier a Ă©tĂ© la rĂ©daction d’une Charte des valeurs [2], signĂ©e par les partenaires, et d’une Convention visant Ă  protĂ©ger les droits des artistes en situation de handicap et Ă  prĂ©ciser les prestations qui leur sont offertes par les ateliers et les organismes oĂč ils et elles travaillent. Ces documents-cadres constituent le socle qui permet aujourd’hui Ă  Mir’arts de reprĂ©senter une trentaine d’artistes en situation de handicap de maniĂšre professionnelle, en tenant compte de leur statut juridique et social. Ce travail s’intĂšgre dans les mesures envisagĂ©es par les politiques culturelles pour garantir une Ă©galitĂ© de chances dans la participation Ă  la vie artistique, conformĂ©ment Ă  l’article 30 al. 2 de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapĂ©es Les Etats Parties prennent toutes mesures appropriĂ©es pour donner aux personnes handicapĂ©es la possibilitĂ© de dĂ©velopper et de rĂ©aliser leur potentiel crĂ©atif, artistique et intellectuel, non seulement dans leur propre intĂ©rĂȘt, mais aussi pour l’enrichissement de la sociĂ©tĂ©. » Les artistes reprĂ©sentĂ©s bĂ©nĂ©ficient d’une page sur le site internet du programme [3] qui dĂ©crit leur parcours et leur dĂ©marche. Leurs Ɠuvres dĂ©filent dans une galerie d’images et sont prĂ©sentĂ©es par un critique d’art. Le programme joue Ă©galement le rĂŽle d’interface entre les artistes, les responsables des ateliers et les institutions culturelles. Les prestations fournies aux artistes vont du simple conseil Ă  un suivi plus soutenu. Il s’agit en gĂ©nĂ©ral d’un support dans l’organisation, la communication et la diffusion de leurs expositions. Souvent aussi, le rĂŽle devient comparable Ă  celui d’un agent qui conçoit l’entier de l’exposition. Cette activitĂ© de management s’explique par le fait que les artistes en situation de handicap n’ont pas les compĂ©tences spĂ©cifiques, les moyens ou les rĂ©seaux nĂ©cessaires Ă  la diffusion de leurs Ɠuvres. Bien souvent, les professionnels qui les accompagnent en atelier n’ont pas de temps pour ce travail, ou alors ils prĂ©fĂšrent se concentrer sur les processus de crĂ©ation. DĂšs lors, ils dĂ©lĂšguent volontiers Ă  des tiers la tĂąche d’inscrire les Ɠuvres des artistes dans un contexte culturel. Les dĂ©fis de l’art contemporain Les artistes reprĂ©sentĂ©s par Mir’arts crĂ©ent pour exprimer leur univers poĂ©tique ; leur style est trĂšs personnel et ils ignorent les tendances de l’art contemporain. Toutefois, ils ne sont pas pour autant coupĂ©s du monde. Au contraire, ils tirent parti de la position dĂ©centrĂ©e qu’ils occupent dans la sociĂ©tĂ© autant que dans le milieu de l’art, normĂ© et compĂ©titif, pour livrer un regard acĂ©rĂ©, drĂŽle ou ironique sur les questions de notre Ă©poque, sans complexes ni inhibitions. Leurs Ɠuvres tĂ©moignent d’une libertĂ© dĂ©capante qui leur permet de tenir la confrontation avec celles de leurs confrĂšres. D’ailleurs, l’art contemporain s’ouvre de plus en plus Ă  des formes artistiques qui se dĂ©veloppent en marge de ses centres de production. La circulation exponentielle des images Ă  l’ùre d’internet et des rĂ©saux virtuels a fini par abattre les hiĂ©rarchies qui sĂ©paraient la culture d’élite de la culture populaire, alternative ou underground. La maniĂšre de considĂ©rer les images et les Ɠuvres d’art est aujourd’hui beaucoup plus horizontale que dans le passĂ©. Ces formes d’art Ă©versives par rapport Ă  l’establishment sont mĂȘme recherchĂ©es, car elles permettent Ă  l’art contemporain d’évoluer en dehors d’un circuit fermĂ© et autorĂ©fĂ©rentiel. Le rĂŽle du programme Mir’Arts consiste alors Ă  identifier, pour chaque artiste, le contexte le plus favorable Ă  la mise en valeur de son travail dans le paysage large et mouvant de la crĂ©ation contemporaine. Il s’agit par exemple d’attirer l’attention des spĂ©cialistes sur leurs Ɠuvres, de les prĂ©senter au public et aux mĂ©dias dans un cadre professionnel, ou de susciter dialogues et synergies entre les productions d’artistes en situation de handicap et celles d’artistes valides». Plusieurs expositions ont atteint ces objectifs. On peut rappeler Dix sur Dix » 2015 au Commun - BĂątiment d’art contemporain de GenĂšve, oĂč dix artistes Ă©taient prĂ©sentĂ©s par dix professionnels du monde de l’art. Ou les deux expositions Ricochet » rĂ©alisĂ©es en collaboration avec Nicole Reimann Ă  ET-Espace TĂ©moin 2017 et au CACY 2018, oĂč les Ɠuvres d’artistes du programme ainsi que d’autres artistes en situation de handicap Ă©taient mises en dialogue avec celles de deux collections publiques respectivement le Fonds d’art contemporain de la Ville de GenĂšve et le Fonds d’art visuel de la Ville d’Yverdon-les-Bains. Un des rĂ©sultats de cette rencontre a Ă©tĂ© l’acquisition, par le Fonds d’art contemporain de la Ville de GenĂšve, d’une Ɠuvre d’Alexandre Baumgartner et de quatre Ɠuvres de Sabrina Renlund. Une vraie consĂ©cration pour ces deux artistes, actifs depuis plus de dix ans Ă  l’atelier du Foyer Clair Bois-Pinchat ! Portraits d’artistes Sabrina Renlund, Flan sensible, 2014, technique mixte sur toile, cm30x30. Fonds d'art contemporain de la Ville de GenĂšve Sabrina Renlund vit dans l'aujourd'hui. Pas de recours crĂ©atif Ă  un monde fantasmatique oĂč elle se rĂ©fugierait. Non, elle subit le monde et ses soubresauts. En vĂ©ritable sismographe Ă©motionnel, elle synthĂ©tise avec un langage post-pop, flashy et diablement efficace les malaises – les siens, les nĂŽtres – inhĂ©rents Ă  notre Ă©poque ainsi qu'Ă  nos dĂ©mons universels. Il y a chez cette artiste la verve insoumise d'une personnalitĂ© Ă  vif qui ne s'en laisse pas conter; c'est elle qui raconte les grincements de l'Ă©tat du monde et du sien. Pas de rĂ©signation pour Sabrina, de l'indignation, toujours, colorĂ©e, sonore et gĂ©nĂ©reuse.» Florence Grivel, journaliste RTS, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 David Jacot, Sans titre, 2015, aquarelle, cm 42x31 Avec dĂ©licatesse et une curiositĂ© respectueuse, David Jacot explore l'Ă©ternel fĂ©minin en restituant Ă  chacun de ses dessins une identitĂ© propre qui brise l'uniformisation de la mode vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias. Chaque personnage est unique, exhibant fiĂšrement ses attributs sexuels dans des poses parfois improbables ou interagissant avec d'autres figures. Mais l'Ă©rotisme omniprĂ©sent n'est jamais vulgaire et devient mĂȘme mutin et espiĂšgle, tandis que les imperfections dont il dote ces femmes les rendent profondĂ©ment humaines et ancrĂ©es dans des histoires uniques.» Nicole Kunz, directrice de la Galerie Ferme de la Chapelle, Lancy, in Catalogue de l’exposition FĂ©minin pluriel », 2017 Markus Wittekind, Sans titre, 2018. Pastel Ă  l'huile sur papier, cm 40x50 La figure de l’enfant est au cƓur des dessins de Markus Wittekind. Ici, des silhouettes s’enchainent, tracĂ©es d’un trait farouche au pastel ou Ă  l’acrylique. Rarement isolĂ©s, dĂ©filant le plus souvent en cortĂšge par deux ou par trois, ou alors couchĂ©s le long des marges, ces ĂȘtres muets s’affichent de maniĂšre frontale et nous regardent depuis un espace intemporel. La pratique artistique de Markus Wittekind s’apparente aussi Ă  un jeu d’enfant, avec le plaisir Ă  chaque fois renouvelĂ© de crĂ©er le mĂȘme personnage Ă  l’infini, en variant les supports, les formats, la technique et les couleurs avec la maĂźtrise de l’adulte. Comme le jeu, cette activitĂ© n’a pas une finalitĂ© en soi mais elle a du sens pour son auteur. Elle dĂ©gage une Ă©nergie physique de par le corps Ă  corps qu’il engage avec les matĂ©riaux, et le transporte dans un temps suspendu oĂč il aime se perdre pour ensuite se retrouver.» Teresa Maranzano, exposition Je grandirai demain », 2018, Villa Dutoit, Petit-Saconnex Isabelle Gay, Sans titre, 2015. Feutres et acrylique sur papier, cm 37x45 Dans ces reprĂ©sentations presque abstraites, Isabelle Gay noue son rapport au monde car ses dessins sont totalement habitĂ©s. C'est entre les lignes que se concentrent les souvenirs proches et lointains de l'artiste. De ce monde invisible, elle en extrait certaines traces lisibles qui se matĂ©rialisent sous forme d'Ă©criture; quelques prĂ©noms de personnes qu'elle aime et le sien qu'elle lie ainsi aux autres. [...] Des Ă©lĂ©ments d'architecture de maisons s'intĂšgrent naturellement aux structures linĂ©aires tout en marquant l'importance des lieux qu'elle a connus, bribes du monde rĂ©el qui mettent en Ă©vidence la tension subtile entre ce qui se voit et ce que l'on ne voit pas mais qui se dessine tout de mĂȘme.» Pascale Favre, artiste, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 Dragan Stanic, Des Ă©chelles, 2019. Aquarelle et encre de Chine sur papier Un grand cartable ouvert. Dedans, pĂȘle-mĂȘle, probablement une centaine d'esquisses et d’Ɠuvres de Dragan Stanic. Il ne faut pas chercher l'unitĂ© ni dans les formats ou les supports qu'il utilise, ni dans les techniques auxquelles il s'essaie tout est matiĂšre Ă  explorer pour ce jeune artiste de 37 ans originaire de Bosnie-HerzĂ©govine. [...] Au rythme de l'exploration de sa production, on est immergĂ© dans ce monde fascinant et contrastĂ© et l'on dĂ©couvre ainsi certaines Ɠuvres d'une force saisissante et d'une incroyable beautĂ©. On le quitte, bouleversĂ©.» MichĂšle Freiburghaus, conseillĂšre culturelle, Fonds d'art contemporain de la Ville de GenĂšve, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 Bernard Grandgirard, Sans titre, sans date. Crayon gris et crayons de couleur sur papier Bernard Grandgirard partira vivre un jour dans le Grand Nord. NĂ© Ă  Fribourg en 1957, fascinĂ© par l'AmĂ©rique du Nord, il a dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© trois voyages aux États-Unis. Mais il rĂȘve de s'installer Ă  l'Ăąge de la retraite dans une cabane au Canada. En attendant ce futur, il construit son rĂȘve, lui donne du sens et du corps par le biais d'images qu'il dessine avec obstination depuis des annĂ©es. Des maisons cossues Ă  la Edward Hopper aux rĂ©seaux ferroviaires imbriquĂ©s dans le tissu urbain, on dĂ©couvre ici des sĂ©maphores suspendus au-dessus d'un carrefour, lĂ  une station-service de la route 66, ici encore des aires de saloon et enfin lĂ  des portraits – pour ainsi dire – de camions dessinĂ©s sous diffĂ©rents angles, dans diffĂ©rentes situations, saisis Ă  diffĂ©rentes vitesses. [...] L’artiste nous embarque dans un road-movie traduit par des perspectives vertigineuses, dont le but est, rappelons-le, de trouver un jour le calme au milieu d'une nature canadienne.» Karine Tissot, directrice du CACY - Centre d'art contemporain d'Yverdon-les-Bains, in Catalogue de l'exposition Dix sur Dix, 2015 [1] Colloque L’art en question. Processus d’inclusion culturelle des artistes avec handicap mental ». Théùtre du Loup, GenĂšve, le 6 juin 2013. Colloque La reconnaissance de l’artiste en situation de handicap rĂŽles et responsabilitĂ©s ». HEP Vaud, Lausanne, le 5 juin 2014. La reconnaissance de l’artiste en situation de handicap. RĂŽles et responsabilitĂ©s ». Sous la direction de Teresa Maranzano et Viviane Guerdan. ASA-Handicap mental, 2016. Disponible en ligne [2] La Charte en ligne
Lavie en marge par Dominique BarbĂ©ris aux Ă©ditions Editions Gallimard. Le roman se passe dans le Jura, Ă  la frontiĂšre suisse, dans les jours qui prĂ©cĂšdent et qui suivent immĂ©diatement l’arrivĂ©e de l’an 2000 et de la neige. La narra
Les personnes Ă  haut potentiel ont un cerveau qui fonctionne Ă  plein rĂ©gime, une sensibilitĂ© exacerbĂ©e, et une impression de vivre perpĂ©tuellement en marge. Et si cette diffĂ©rence nourrissait la sociĂ©tĂ© de demain ? PubliĂ© le 17/12/2014 Ă  1116 Temps de lecture 8 min Le cerveau d’un HP est en Ă©bullition permanente. Les IRM effectuĂ©es sur ces personnes confirment cette forte activitĂ©, avec une multitude de connexions neuronales qui se traduisent par une pensĂ©e en arborescence une idĂ©e en entraĂźnant une autre, puis une autre... Alors que chez les non-HP, seule une zone spĂ©cifique du cerveau s’anime par fonction, par exemple celle du langage pour traiter une information. Chez le surdouĂ©, penser, c’est vivre. Il n’a pas le choix. Il ne peut arrĂȘter cette pensĂ©e puissante, incessante qui, sans relĂąche, scrute, analyse, intĂšgre, associe, anticipe, imagine, met en perspective
 Aucune pause. Jamais. Alors, il pense sur tout, tout le temps, intensĂ©ment. Avec tous ses sens en alerte, explique la psychologue et auteur de livres sur le sujet, Jeanne Siaud-Facchin 1. C’est un petit vĂ©lo qui tourne sans cesse dans la tĂȘte. J’ai toujours vĂ©cu Ă  cent Ă  l’heure, en utilisant ce petit vĂ©lo au maximum, ce qui m’a permis de crĂ©er mon Ă©cole, confirme VĂ©ronique Meunier, 49 ans, qui a rĂ©ussi Ă  rĂ©aliser ses rĂȘves malgrĂ© les critiques dont elle a fait l’objet. Il y a vingt ans, elle a donc créé Les Ateliers de la Chaise Musicale, une Ă©cole de musique bruxelloise, caractĂ©risĂ©e par sa pĂ©dagogie diffĂ©rente, davantage axĂ©e sur des activitĂ©s ludiques et crĂ©atives que sur un apprentissage basĂ© sur la compĂ©tition. L’école proposant aussi un Ă©veil musical dĂšs l’ñge de 7 mois. On me disait qu’un bĂ©bĂ© n’en avait rien Ă  faire de la musique, que je faisais cela pour l’argent, que c’était dĂ©lirant. Et moi, j’étais convaincue qu’il s’agissait d’un moyen de renforcer les liens parents-enfants et d’un bĂ©nĂ©fice Ă  apporter aux petits. Penser sur le mode WikipĂ©dia Cette arborescence de la pensĂ©e, c’est comme WikipĂ©dia, explique encore la directrice de la Chaise Musicale. Je consulte le site pour comprendre un mot ou un Ă©vĂ©nement, comme le krach boursier, et je me retrouve dans le fin fond de l’Australie dans les annĂ©es 60, sans savoir comment j’y suis arrivĂ©e. Ce sont des hyperliens sur tout et c’est comme ça dans ma tĂȘte Ă©galement. La comparaison avec la plateforme de cette encyclopĂ©die participative en ligne est Ă©difiante. Les cerveaux des HP tournent non seulement Ă  plein rĂ©gime, mais ils crĂ©ent aussi une multitude de liens entre les choses, que d’autres ne perçoivent pas forcĂ©ment. Avec une difficultĂ© qui consiste quelquefois Ă  expliquer aux non-HP ce qu’ils perçoivent comme Ă©vident. CĂŽtĂ© bonus, il s’agit d’un moteur qui leur permet d’ĂȘtre extrĂȘmement crĂ©atifs, innovants et de se surpasser. Quel est le bĂ©nĂ©fice de cette diffĂ©rence ? Une capacitĂ© Ă  pouvoir travailler plus vite et facilement sur diffĂ©rents sujets Ă  la fois. Cela me permet de produire plus au niveau professionnel. Mais je suis aussi trĂšs attentif Ă  des dĂ©tails que d’autres ne perçoivent pas forcĂ©ment, avec une capacitĂ© Ă  m’émerveiller facilement et un besoin de trouver sans cesse de nouvelles idĂ©es. J’ai tendance Ă  un peu charger la barque pour ne pas m’ennuyer, explique Serge Ruyssinck, 48 ans, qui cumule son job de rĂ©alisateur Ă  la RTBF Ă  la gestion d’évĂ©nements pour la chaĂźne et Ă  des prestations pour Eurosport, Ă  Paris. Une sensibilitĂ© accrue Il y a quelques annĂ©es, Serge Ruyssinck a poussĂ© la porte d’un centre d’évaluation des personnes Ă  haut potentiel, parce qu’il se rendait compte de sa mauvaise gestion Ă©motionnelle, particuliĂšrement dans sa vie privĂ©e. GuĂšre Ă©tonnant l’hypersensibilitĂ© est l’une des caractĂ©ristiques de cette diffĂ©rence. Avant, je me laissais submerger par mes Ă©motions. Je n’acceptais pas que les autres soient moins rapides que moi, cela m’irritait lorsqu’on ne comprenait pas vite ce que je racontais, confie le rĂ©alisateur, qui estime s’ĂȘtre “ assagi ” en saisissant mieux les diffĂ©rences comportementales et Ă©motionnelles propres aux HP. Aujourd’hui, son sens de l’empathie lui permet d’ĂȘtre Ă  l’écoute de ses collaborateurs au niveau professionnel, mais aussi dans ses relations amicales. Un atout, selon lui. Mais pour en arriver lĂ , il faut parfois avoir fait du chemin. J’étais quelqu’un de trĂšs empathique, une Ă©ponge Ă  Ă©motions, je ressentais la souffrance d’autrui, mĂȘme s’il ne l’exprimait pas, explique de son cĂŽtĂ© VĂ©ronique Meunier, rĂ©vĂ©lĂ©e HP dans la foulĂ©e d’une demande de diagnostic pour son petit garçon. Depuis que j’ai pris conscience que cette sensibilitĂ© fait partie des spĂ©cificitĂ©s des HP, j’ai rĂ©ussi Ă  dĂ©velopper des mĂ©canismes de protection et ça, c’est extraordinaire, car je prends moins sur moi, avoue-t-elle. PrĂ©curseurs du monde de demain ? En dehors des politiciens ou artistes en tout genre, que deviennent les HP Ă  l’ñge adulte et qu’apportent-ils de diffĂ©rent Ă  la sociĂ©tĂ© ? Tout dĂ©pend de l’ñge de leur diagnostic. Lorsqu’ils prennent conscience de leur altĂ©ritĂ© cognitive et qu’ils l’acceptent, ils passent gĂ©nĂ©ralement par une phase de reconstruction de leur personnalitĂ© et rĂ©alisent alors de grandes choses dans leur domaine de prĂ©dilection. La rĂ©vĂ©lation de leur douance joue souvent un rĂŽle de catalyseur identitaire, ce qui leur permet d’avancer et d’entreprendre. Une personne Ă  haut potentiel qui assume sa diffĂ©rence va ĂȘtre Ă  l’avant-garde de la crĂ©ation, de la recherche, de l’innovation et des idĂ©es. Pour ĂȘtre crĂ©atif, donc ne pas refaire systĂ©matiquement tout ce que les autres font, il faut ĂȘtre un peu rebelle et avoir un sens critique fort dĂ©veloppĂ©, ne pas croire tout ce que l’on nous dit. Le monde avance grĂące Ă  ces personnes aux idĂ©es hors du commun, qui voient des problĂšmes lĂ  oĂč les autres n’en voient pas et qui imaginent des solutions. Les HP sont des gens qui veulent faire avancer le monde ou, au minimum, apporter leur pierre Ă  l’édifice, y compris dans les domaines les plus anonymes. Mais ne nous cachons pas il y a des “ nids Ă  HP ”, notamment dans les milieux artistiques et mĂ©diatiques. La plupart des gens connus le sont, explique Thierry Biren. QI Ă©levĂ© et HP, quelle diffĂ©rence ? Les HP sont-ils des surdouĂ©s ? Ont-ils tous un QI plus Ă©levĂ© que la moyenne ? Selon le coach de l’association Douance, toutes les personnes dont le QI dĂ©passe le score de 128 sont HP. Mais ce ne serait pas la caractĂ©ristique la plus importante Ă  prendre en considĂ©ration, car ce test d’intelligence trĂšs classique a Ă©tĂ© créé il y a un siĂšcle pour servir de rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre. Il peut s’avĂ©rer rĂ©ducteur et finalement laisser passer des HP entre les mailles du filet normatif. Une personne qui aurait 125 de QI sera par exemple exclue du diagnostic classique, alors que ces quelques points de diffĂ©rence ont quelque chose d’artificiel, puisqu’il s’agit d’une Ă©chelle Ă©tablie au siĂšcle dernier !, explique le coach. Cela ne signifie pas que cette personne n’est pas HP. C’est pourquoi je prĂ©fĂšre utiliser les tests qualitatifs pour Ă©tablir mon diagnostic. L’image que l’on se fait du surdouĂ© Ă  lunettes qui rĂ©ussit ses Ă©tudes haut la main ne correspondrait finalement qu’à un tiers des HP. Ce sont gĂ©nĂ©ralement ceux qui sollicitent davantage leur cerveau gauche, axĂ© sur le langage, le raisonnement et l’analyse, alors que le cerveau droit que deux tiers des HP sollicitent en premier est associĂ© aux Ă©motions, Ă  l’intuition et Ă  la crĂ©ativitĂ©. La personne ĂŒber-intelligente et efficace serait, en revanche, celle qui mobilise autant son hĂ©misphĂšre droit que le gauche avec, dans un premier temps, le dĂ©bridement de la crĂ©ativitĂ© qui s’enclenche, puis dans un second temps, la capacitĂ© d’exĂ©cuter point par point qu’elle a imaginĂ©. C’est pour cela qu’il y a des juristes au Parlement qui font passer les propositions de lois imaginĂ©es par des politiciens dix ans auparavant !, commente Thierry Biren. Dans la pratique, la plupart des femmes et hommes politiques sont HP, d’oĂč les dĂ©bats houleux qui les opposent, car ils ont forcĂ©ment des idĂ©es diffĂ©rentes qu’ils veulent dĂ©fendre. Par rapport Ă  cette guĂ©guerre sur la place Ă  accorder aux tests de QI, la psychologue Jeanne Siaud-Facchin prĂ©cise que l’on confond souvent l’intelligence et la performance, les compĂ©tences et la rĂ©ussite, ainsi que le potentiel et l’efficacitĂ© intellectuelle. Alors que selon elle, ĂȘtre HP Ă©quivaut avant tout Ă  un comportement psychoaffectif particulier et Ă  une intelligence diffĂ©rente des autres. La vie en dĂ©calĂ© Beaucoup de HP vous le diront ils se sont toujours sentis en dĂ©calage par rapport aux autres, ce qui n’est pas forcĂ©ment facile Ă  vivre. Du coup, certains ont dĂ©veloppĂ© un “ faux-self ”, c’est-Ă -dire une adaptation de leur identitĂ© profonde pour se fondre dans la masse. Un effet camĂ©lĂ©on, inhibiteur de leur douance et souvent mal vĂ©cu
 J’étais en dĂ©calage permanent avec tout le monde et la sociĂ©tĂ©. Pour moi, haut potentiel rimait avec hautement perturbĂ©e ! Une impression d’ĂȘtre “ trop ” dans tout et que les choses n’étaient jamais simples avec moi. J’avais la volontĂ© de ne pas rentrer dans le rang, de ne pas rester prof dans le secondaire ou Ă  l’acadĂ©mie, de ne pas obĂ©ir Ă  des programmes qui ne me plaisaient pas, de pouvoir les crĂ©er moi-mĂȘme. Je n’étais pas consciente que je faisais cela parce que suis HP, mais je savais que je voulais faire les choses autrement, explique VĂ©ronique Meunier. Des annĂ©es plus tard, son Ă©cole ne dĂ©semplit pas. Elle avait vu juste ! Et comme un zeste d’utopie ne fait jamais de mal, on peut se demander si le monde actuel ne serait pas en train de fonctionner un peu plus qu’auparavant selon des caractĂ©ristiques propres Ă  l’hĂ©misphĂšre droit de notre cerveau, qui se traduisent actuellement par une envie croissante de changement sociĂ©tal, une dissĂ©mination de pratiques faisant appel Ă  l’intelligence collective et Ă  une dĂ©brouille crĂ©ative ? Certainement !, atteste Thierry Biren. J’irais mĂȘme plus loin en rappelant que nous vivons dans un monde de plus en plus visuel, grĂące aux nouveaux mĂ©dias. On fait donc aujourd’hui davantage appel Ă  des parties de notre intelligence que nous possĂ©dions dĂ©jĂ , mais qui n’étaient pas autant sollicitĂ©es auparavant. Seul petit bĂ©mol cette Ă©volution n’est pas assez rapide pour ceux qui doivent encore s’adapter Ă  un monde dont la logique de fonctionnement reste malgrĂ© tout celle de l’hĂ©misphĂšre gauche, de l’organisation et de la rationalitĂ© efficace
 Une question de temps ? 1 Auteure de plusieurs livres sur la douance, dont “ Trop intelligent pour ĂȘtre heureux ? L’adulte surdouĂ© ”, Ă©d. Odile Jacob, 2012, 320 p., 23,20 €. Le fil info La Une Tous Voir tout le Fil info Allez au-delĂ  de l'actualitĂ© DĂ©couvrez tous les changements DĂ©couvrir À la Une Entretien Caroline DĂ©sir L’école aujourd’hui c’est bien plus qu’une histoire d’enfants rois» Par Eric Burgraff et Charlotte Hutin Guerre en Ukraine Zelensky rĂ©clame la venue de l’AIEA Ă  la centrale de Zaporijjia Une camionnette fonce sur une terrasse Ă  Bruxelles un dĂ©sastre frĂŽlĂ© de quelques centimĂštres Par Arthur Sente et Louis Colart Europa League l’Union Saint-Gilloise lancera sa campagne Ă  Berlin le 8 septembre Energie la taxation des surprofits toujours dans les limbes Par Jean-François Munster Pessimistes, cinq banques abaissent leurs prĂ©visions de croissance pour la Belgique Envente sur 1stDibs - La collection dĂ©finitive de portraits d'artistes par le lĂ©gendaire journaliste et auteur du New Yorker Calvin Tomkins, des annĂ©es 1960 Ă  aujourd'hui En La vie des artistes - Profils choisis par Calvin Tomkins - En vente sur 1stDibs Modede vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© Dans ses romans, il a recherchĂ© le Temps perdu DĂ©prĂ©cier quelqu'un jusqu'Ă  le rendre mĂ©prisable Train qui fait Paris-Bruxelles Petit croissant sur l'ongle Violent retour des vagues qui ont GiNu.
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