Jai, depuis, perdu mon grand-pĂšre et je voulais regoĂ»ter au football en mĂ©moire de cette passion quâil mâa transmise. Jâimagine bien quâil aurait eu quelques inquiĂ©tudes Ă me voir endosser la tenue dâarbitre. Car, Ă proprement parler, il faut une vraie carapace pour prendre le sifflet et oser arbitrer un matchNous accueillons aujourdâhui sur le blog Entre nous et nos AncĂȘtres AndrĂ© PERRET. Il nous a fait le rĂ©cit de la vie dâun de ses ancĂȘtres, qui nous a particuliĂšrement touchĂ©s. Cette histoire est effet celle de bien des hommes et femmes du XXe siĂšcle, marquĂ©e, comme rythmĂ©e par les deux Guerres mondiales. Elle est surtout un exemple de ces lĂ©gendes, rumeurs et on-dit si frĂ©quents dans nos familles, mais ici particuliĂšrement tragiques. Et cette histoire, nous souhaitons la partager avec vous. Mais laissons dâabord AndrĂ© se prĂ©senter. Entre nous et nos AncĂȘtres pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous, et ce qui vous a amenĂ© Ă vous intĂ©resser Ă lâhistoire de votre famille et Ă la gĂ©nĂ©alogie ? AndrĂ© Jâai 61 ans cette annĂ©e, je dirige une sociĂ©tĂ© de formation au management sur Paris. Jâai 4 enfants, et je supportais assez mal dâavoir des trous » dans lâhistoire de la famille, dâautant quâils Ă©taient assez rĂ©cents. Câest en cherchant Ă combler ces lacunes que je me suis pris au jeu et que je suis remontĂ© en parfait amateur au XVIIe siĂšcle⊠Cela devient vite une addiction ! Entre nous et nos AncĂȘtres quel personnage familial souhaitez-vous Ă©voquer aujourdâhui, et quâest-ce qui vous a amenĂ© Ă vous intĂ©resser Ă lui ? AndrĂ© Il sâagit de Jean-Baptiste Louis PERRET, mon grand-pĂšre paternel, que je nâai pas connu. TrĂšs tĂŽt, ce personnage mâa interpellĂ©, malgrĂ© le peu dâinformations dont je disposais sur lui â ou peut-ĂȘtre justement Ă cause de ce silence qui lâentourait dans la famille. Et certainement aussi par provocation. Ce grand-pĂšre, dont on disait quâil Ă©tait volage, me faisait rĂȘver⊠Laissons maintenant AndrĂ© nous conter lâhistoire de Jean-Baptiste Louis PERRET. Longtemps, je nâai possĂ©dĂ© quâune photo de ce grand-pĂšre dont personne ne voulait parler dans la famille. Par ma mĂšre, je savais quâil Ă©tait sĂ©duisant, et que les petites Caminelle » en Ă©taient amoureuses ». Et par ses fils, Pierre lâaĂźnĂ©, mon pĂšre, et Jean le cadet, jâai appris quâil avait abandonnĂ© sa famille pendant la guerre, alors mĂȘme quâeux deux Ă©taient prisonniers. Deux fils qui ne lui ont jamais pardonnĂ©. Pourtant, je ne peux nier mon attachement Ă ce grand-pĂšre fantasque, quâon a volontiers dit volage. Voici en quelques mots son portrait. Jean-Baptiste Louis PERRET, rĂ©ussite sociale et dĂ©chĂ©ance familiale Jean-Baptiste Louis PERRET, dit Louis, naĂźt le 11 juillet 1887 Ă Besson dans lâAllier ; il est issu dâun milieu agricole modeste. Sa naissance dĂ©jĂ suscite des rumeurs familiales » on dit quâil serait peut-ĂȘtre le fils du curĂ© du village⊠Il obtient en 1908 Ă Montpellier le diplĂŽme dâIngĂ©nieur agronome, tremplin dâune rĂ©elle ascendance sociale. Il entame ensuite une carriĂšre dâenseignant dans des Ă©tablissements agricoles, en Bourgogne puis dans le Nivernais. Il Ă©pouse en 1911 Ă Cusset Allier ma grand-mĂšre Yvonne VIGNOT. De cette union naĂźtront Pierre 1912, Jeanne 1914 et Jean 1915. Mais dĂ©jĂ , les canons grondent, et Jean-Baptiste Louis est mobilisĂ© dĂšs 1914. En 1918, il disparaĂźt. Une premiĂšre fois. Je perds ensuite sa trace, jusquâau milieu des annĂ©es 1930, pĂ©riode Ă laquelle il sâinstalle avec sa famille Ă Namur en Belgique. Il prend alors la direction de la sociĂ©tĂ© Hydrocar, un fabricant de revĂȘtement routier sociĂ©tĂ© qui existe toujours. Sâen suivra une brĂšve collaboration avec ses deux fils, quâil fait venir Ă Namur. Mais Pierre et Jean peinent Ă sâentendre avec leur pĂšre, et repartent en France. En 1914, Jean-Baptiste Louis est mobilisĂ© comme caporal-fourrier au 295Ăšme RĂ©giment dâInfanterie. PortĂ© disparu Ă Cuvilly Oise aprĂšs lâoffensive allemande du 9 juin 1918, il est retrouvĂ© prisonnier en Allemagne oĂč il est passĂ© par les camps de Kassel, Crossen-sur-Oder et Cottbus. Il est rapatriĂ© aprĂšs lâArmistice le 20 dĂ©cembre 1918. Jean-Baptiste Louis est quant Ă lui la coqueluche des filles de la famille, quâil charme par son train de vie, sa voiture, les cadeaux quâil leur offre⊠Cette parenthĂšse belge sera importante pour la postĂ©ritĂ© familiale, puisque câest Ă Namur que Pierre, mon pĂšre, rencontre celle qui allait devenir sa femme. Suzanne est la fille dâĂdouard CAMINELLE, banquier de Jean- Baptiste Louis et de la sociĂ©tĂ© Hydrocar. En 1940, alors que les Allemands entrent en Belgique, Jean-Baptiste Louis dĂ©cide de rapatrier tout sa famille en Zone Libre, Ă Cusset prĂšs de Vichy. Sa motivation â dit-on â Ă©tait alors de mettre la trĂ©sorerie de lâentreprise Ă lâabri des Allemands. Je ne dispose pas dâinformations sur sa vie pendant la guerre, mais Ă cette Ă©poque on le dit assez volage. Ă la fin de la guerre en 1945, Jean-Baptiste Louis ne rejoint pas la maison familiale, laissant sa femme seule, alors que ses deux fils sont prisonniers en Allemagne. La rumeur familiale dit quâil vivrait avec une jeune pharmacienne namuroise, et quâil voudrait partir Ă lâĂ©tranger⊠DeuxiĂšme disparition. Quelques annĂ©es plus tard, lors de lâentrĂ©e en maison de retraite dâYvonne ma grand-mĂšre, il a fallu vendre la maison familiale de Cusset. LĂ , jâai dĂ©couvert quâils nâavaient jamais divorcĂ© ! Nous avons donc Ă©tĂ© dans lâobligation de faire une requĂȘte en sĂ©paration suite Ă abandon du domicile conjugal. Lâofficialisation de la dĂ©chĂ©ance familiale de Jean-Baptiste Louis PERRET. Mais un Ă©change avec un ami dont lâĂ©pouse est gĂ©nĂ©alogiste va faire taire toutes les anciennes rumeurs familiales. Je lui parle de ce grand-pĂšre disparu et dont je ne trouve pas trace, et il me propose de lui communiquer Ă tout hasard les informations dont je dispose, ses date et lieu de naissance. Le soir mĂȘme il mâappelle et me dit que je vais avoir des surprises, en Ă©coutant le rĂ©cit de sa femme⊠Jean-Baptiste Louis PERRET, dĂ©portĂ© dans le convoi des tatouĂ©s » Les baraques du camp de Royallieu Jean-Baptiste Louis est arrĂȘtĂ© par les Allemands au mois de janvier 1944. Sans doute faisait-il partie du Mouvement de LibĂ©ration Nationale MLN. En avril, il est Ă CompiĂšgne, au camp de Royallieu, sous le matricule 29603. Le 27 avril 1944, il est dĂ©portĂ© vers Auschwitz dans un convoi Ă 100 par wagon Ă bestiaux. Le train mettra quatre jours et trois nuits Ă atteindre sa destination. Ce convoi a suscitĂ© les interrogations des historiens notamment concernant sa destination, parce quâil sâagit du troisiĂšme convoi de dĂ©portĂ©s non-juifs envoyĂ©s directement vers ce camp de la mort. Il restera tristement cĂ©lĂšbre, sous le nom de Convoi des TatouĂ©s ». Jean-Baptiste Louis fait donc parti des 1655 dĂ©tenus qui seront immatriculĂ©s Ă leur arrivĂ©e Ă Auschwitz-Birkenau, des numĂ©ros 184936 Ă 186590. Lui portait le numĂ©ro 186203. Câest ce tatouage, sur le bras gauche, qui vaudra au convoi son appellation. Jean-Baptiste Louis ne sĂ©journera que deux semaines Ă Auschwitz, dans le camp Canada », avec sans doute, aprĂšs lâhumiliation du tatouage, de la fouille, de la tonte et de la dĂ©sinfectionâŠ, de terribles conditions de vie â lâadministration allemande effacera » dâailleurs ce transit, comme sâil nâavait existĂ©. Le 12 mai, avec 1560 autres dĂ©portĂ©s et Ă 60 par wagon, il repart dans un nouveau convoi vers le KL Buchenwald cette fois, Ă une dizaine de kilomĂštres de Weimar. Il y reçoit un nouveau matricule, le 53345. Vue d'ensemble du petit camp de Buchenwald - collection Foucher-Creteau Insignes des prisonniers du KL de Buchenwald - matricule de Pierre MALLEZ Contrairement Ă dâautres dĂ©portĂ©s renvoyĂ©s ensuite dans dâautres camps, aprĂšs son passage au camp de quarantaine il monte au grand camp. Il reste au camp central sans doute en raison de son Ăąge, 57 ans alors. Il semble en effet que la plupart des dĂ©portĂ©s ĂągĂ©s ou diminuĂ©s physiquement nâaient pas Ă©tĂ© envoyĂ©s dans les Kommandos de travail. Je ne sais pourquoi ni comment il a survĂ©cu jusquâĂ ce dĂ©but dâannĂ©e 1945. Je ne peux quâimaginer son quotidien difficile. Les renseignements fournis par lâassociation pour la mĂ©moire de Buchenwald laissent entendre quâil aurait Ă©tĂ© fusillĂ©. Du Convoi des TatouĂ©s, Ă peine un homme sur deux rentrera de dĂ©portation. Mon grand-pĂšre ne fait pas partie de ceux-lĂ . Selon le livre mĂ©morial de la Fondation pour la MĂ©moire de la DĂ©portation, Jean-Baptiste Louis PERRET dĂ©cĂšde le 24 fĂ©vrier 1945 Ă Buchenwald. Son dĂ©cĂšs nâest transcrit ni Ă lâĂtat-Civil de Besson son village natal oĂč je lâai cherchĂ© en vain, ni au Journal Officiel de la RĂ©publique française. Mais son nom apparaĂźt depuis 2010 sur une plaque commĂ©morative posĂ©e en mĂ©moire des dĂ©portĂ©s de la commune de Besson Allier. DâaprĂšs le rĂ©cit dâAndrĂ© PERRET, fils de Pierre, et petit-fils de Jean-Baptiste Louis. Entre nous et nos AncĂȘtres Quelle a Ă©tĂ© votre rĂ©action Ă cette dĂ©couverte, qui met fin aux rumeurs familiales autour de lâabandon de sa famille par un Ă©poux et pĂšre ? AndrĂ© Un regret que ni son Ă©pouse, ni aucun de ses enfants â dont mon pĂšre â nâaient su la vĂ©ritĂ© avant de mourir. Un regret doublĂ© dâincomprĂ©hension⊠Pourquoi sa famille nâa-t-elle jamais Ă©tĂ© informĂ©e ni de son arrestation ni de son dĂ©cĂšs, et notamment aprĂšs la libĂ©ration du camp ? Pourquoi sa femme, qui travaillait pour le gouvernement de Vichy mais dont on a su aprĂšs sa mort quâelle transmettait des documents Ă Londres, nâa-t-elle jamais Ă©tĂ© informĂ©e ? Entre nous et nos AncĂȘtres Cette dĂ©couverte met-elle fin Ă vos recherches ? AndrĂ© Non. La vie peu banale de ce grand-pĂšre quitte la petite histoire pour la grande ; je voudrais donc maintenant en dĂ©couvrir plus sur son parcours atypique. Et je me pose de nombreuses questions. Il me manque des informations sur son parcours professionnel, et donc la motivation de son expatriation en Belgique. Puis, pendant la guerre, quel a Ă©tĂ© son engagement dans la rĂ©sistance ? Pourquoi le statut de dĂ©portĂ© ne lui est pas attribuĂ© par les autoritĂ©s françaises ? Sur une photo, on semble apercevoir lâOrdre du MĂ©rite Ă son revers, Ă quelle occasion cette distinction lui aurait-elle Ă©tĂ© attribuĂ©e ? Je vais donc continuer Ă arpenter les ministĂšres et fouiller les archives sur les traces de Jean-Baptiste Louis PERRET. Si vous souhaitez rĂ©agir Ă cette histoire, ou contacter AndrĂ©, nâhĂ©sitez pas Ă laisser un commentaire ou nous contacter Ă admin[Ă ] Nous lui transmettrons votre message. Biographie et arbre gĂ©nĂ©alogique de Jean-Baptiste Louis PERRET 1887-1945 Enfance auvergnate, Ă©tudes dans le sud et ascension sociale 11/07/1887 Naissance dans la maison familiale aux Rouyaux, dans la commune de Besson, Allier 03. Ses parents sont Jean, et Louise nĂ©e SĂQUE, cultivateurs. 12/05/1908 Ătudes supĂ©rieures, Ă lâĂcole Nationale dâAgriculture de Montpellier. Obtient le diplĂŽme dâIngĂ©nieur agronome en 1908. 1911 Professeur de français en Bourgogne Ă lâĂ©cole dâagriculture La Barotte », ChĂątillon-sur-Seine 21. [source Recensement 1911] Un mariage et deux enfants 12/09/1911 Ăpouse Yvonne Gilberte VIGNOT Ă Cusset 03. 16/06/1912 Naissance dâun premier fils, Pierre, Ă Cusset 03. 1913-1915 Professeur dans le Nivernais, Ă lâĂcole dâagriculture de Corbigny 58. 1914 Vend des assurances pour la SociĂ©tĂ© Française de Capitalisation. 07/01/1914 Naissance de sa fille Jeanne, dite Jeannette, Ă Cusset 03. Dans la Grande Guerre, premiĂšre disparition et deuxiĂšme fils 1914 MobilisĂ© comme Caporal-fourrier au 295Ăšme RĂ©giment dâInfanterie. 04/03/1915 Naissance, en son absence, dâun second fils, Jean, Ă Cusset 03. 09/06/1918 PortĂ© disparu Ă Cuvilly 60 aprĂšs lâoffensive allemande. Il est retrouvĂ© prisonnier en Allemagne oĂč il est passĂ© par les camps de Kassel, Crossen-sur-Oder et Cottbus. 20/12/1918 Il est rapatriĂ©, aprĂšs lâArmistice. Lâexpatriation en Belgique 1936 Part en Belgique, prĂšs de Namur, oĂč il prend la direction de la sociĂ©tĂ© Hydrocar. Marie son fils ainĂ© Pierre Ă Suzanne CAMINELLE, fille du banquier de lâentreprise, et sa fille Jeannette Ă Ădouard, fils du mĂȘme banquier. 1938 Touche la retraite du combattant. Encore une guerre, deuxiĂšme disparition en fait la dĂ©portation 1940 Rapatrie toute la famille Ă Cusset prĂšs de Vichy 03, en Zone Libre. 1940-1944 Appartient peut-ĂȘtre au Mouvement de LibĂ©ration Nationale MLN. 01/1944 Est arrĂȘtĂ©, puis internĂ© Ă CompiĂšgne au camp de Royallieu, sous le matricule 29603. [source BAVCC] 27/04/1944 DĂ©portation vers Auschwitz, dans un convoi qui sera plus tard nommĂ© le train des tatouĂ©s », arrivĂ©e le 30/04/1944. Il est tatouĂ© sur lâavant-bras gauche du numĂ©ro 186203. 14/05/1944 DĂ©part le 12/05 dans un convoi avec 1561 dĂ©portĂ©s, en direction de Buchenwald, oĂč il arrive le 14 au matin. DĂ©sinfection puis tatouage. Jean-Baptiste Louis portera le numĂ©ro 53345. 24/02/1945 Mort Ă lâĂąge de 57 ans de Jean-Baptiste Louis Ă Buchenwald [source Livre mĂ©morial de la Fondation pour la MĂ©moire de la DĂ©portation], sans doute fusillĂ© [source Association pour la MĂ©moire de Buchenwald]. Arbre gĂ©nĂ©alogique partiel de Jean-Baptiste Louis PERRET 1887-1945 Cliquez sur lâarbre pour lâagrandir. Quelques liens Fondation pour la MĂ©moire de la DĂ©portation Amis de la Fondation pour la MĂ©moire de la DĂ©portation de lâAllier Amicale des DĂ©portĂ©s TatouĂ©s du 27 avril 1944 MĂ©morial de lâinternement et de la dĂ©portation â Camp de Royallieu La citation Celui qui est affectionnĂ© pour quelquâun vĂ©nĂšre aussi les choses que cette personne a laissĂ©es dâelle-mĂȘme aprĂšs sa mort » Saint-Thomas dâAquin Vous serez peut-ĂȘtre aussi intĂ©ressĂ©e par les articles suivants
EXCLUSIF - AprĂšs les accusations de collaborationnisme et d'antisĂ©mitisme portĂ©es contre le cĂ©lĂšbre dialoguiste des Tontons flingueurs, son petit-fils, StĂ©phane, pĂ©dopsychiatre et romancier, dĂ©fend sa mĂ©moire en parlant de l'homme intime et de ses paradoxes.Un tonton flinguĂ© par son passé» comme l'Ă©crit François Guillaume Lorrain dans Le Point? Alors que les Ă©ditions Fayard viennent d'exhumer Le Chant du dĂ©part, un roman inĂ©dit de Michel Audiard, L'Obs, Le Mondeet donc Le Point, reprenant le travail d'un historien de la littĂ©rature Franck Lhomeau, analyse pour la premiĂšre fois les premiers Ă©crits du futur dialoguiste publiĂ©s entre 1943 et 1944 dans des journaux douzaine de textes, des contes, des nouvelles mais aussi des critiques rĂ©digĂ©es essentiellement dans L'Appel, un journal pro-allemand, anti-maçonnique et antisĂ©mite, forment le corpus des recherches de Franck Lhomeau pour Temps noir, la revue des littĂ©ratures Audiard Ă gauche parle de Michel, son grand-pĂšre, dans un entretien exclusif donnĂ© au Figaro». Rue des ArchivesBien que n'Ă©tant pas de natures politiques, dĂ©jĂ dans un style grinçant, qui deviendra sa marque de fabrique, le jeune Michel Audiard n'hĂ©site pas Ă manier les clichĂ©s alors attribuĂ©s aux francs-maçons et aux juifs. OubliĂ©s - cachĂ©s rĂ©pondront ses contempteurs - les premiers pas d'Audiard dans la presse, lui vaudront quand mĂȘme d'ĂȘtre interrogĂ© par la police Ă l'automne 1944. SoupçonnĂ© d'actions anti-nationales et anti-françaises», une enquĂȘte est menĂ©e auprĂšs de ses parents adoptifs, de ses voisins et des habitants du quartier. Dans le procĂšs-verbal, retrouvĂ© aussi par Franck Lhomeau, il est Ă©tabli que ces derniers ne l'ont jamais entendu tenir des propos collaborationnistes». Entendu une derniĂšre fois par la police sur ses activitĂ©s pendant la guerre en mars 1947, son dossier sera ensuite dĂ©finitivement par cette affaire et l'opprobre qu'elle jette sur la mĂ©moire de son grand-pĂšre, StĂ©phane Audiard, pĂ©dopsychiatre et romancier, a dĂ©cidĂ© de rĂ©pondre Ă cette FIGARO. - Pourquoi avez-vous souhaitĂ© faire publier Le Chant du dĂ©part, un roman qui semblait inachevĂ©?StĂ©phane AUDIARD. -Le Chant du dĂ©part, c'Ă©tait pas mal pour quelqu'un qui a cassĂ© sa pipe. Une sorte de chant du cygne, dernier round dans Paris avant de calancher. Il nous a semblĂ© important pour les admirateurs, pour l'histoire du cinĂ©ma de donner cet inĂ©dit Ă lire. Mais au vu de certaines rĂ©actions et de quelques critiques peu amĂšnes, on pourrait regretter d'avoir pris la dĂ©cision de publier ce livre... Mais bon, non! Je n'aime pas penser Ă reculons. Je laisse ça aux lopes et aux Ă©crevisses comme mon grand-pĂšre l'avait fait dire Ă Lino Ventura dans un Taxi pour vous parlez de certaines rĂ©actions vous pensez aux rĂ©vĂ©lations sur le passĂ© collaborationniste de votre grand-pĂšre?Cette histoire nous a beaucoup remuĂ©, Jacques Audiard et moi. Nous savions qu'il avait Ă©crit dans des journaux pendant la guerre des nouvelles et des critiques. Son style, dĂšs ses dĂ©buts, Ă©tait grinçant. Dans le contexte de la Collaboration, dans un journal dirigĂ© par des pro-allemands, il a pu ĂȘtre injuste envers les juifs. Mais j'ai connu cet homme jusqu'Ă l'Ăąge de quinze ans. Ă aucun moment, Michel n'a Ă©tĂ© antisĂ©mite. Je ne me souviens pas de la moindre trace d'une rĂ©flexion un peu oiseuse sur un juif. Rien, ça n'existait pas dans son discours public, ça n'existait pas avec les gens du mĂ©tier et ça n'existait pas dans l' pensez donc que le travail d'investigation historique sur un personnage aussi cĂ©lĂšbre que Michel Audiard ne prĂ©senterait aucun intĂ©rĂȘt?Non, bien sĂ»r, presque 80 ans aprĂšs les faits, le parcours de Michel Audiard appartient Ă l'histoire. Et que l'on fasse un inventaire de son travail pendant la guerre, cela me paraĂźt trĂšs justifiĂ©. Maintenant, une fois ces principes rĂ©affirmĂ©s, il me semble que ce devoir de mĂ©moire se transforme en un procĂšs pour antisĂ©mitisme d'un homme qui, visiblement, en a Ă©tĂ© guĂ©ri en une comprenez pourtant que traiter, par exemple, l'auteur du Chant des partisans, Joseph Kessel, de youpin» dans une critique puisse choquer en 2017...Bien sĂ»r, l'expression est abjecte. Elle est condamnable, elle est condamnĂ©e aujourd'hui, elle ne l'Ă©tait pas pendant l'Occupation. La France, je le rappelle, vivait sous le rĂ©gime de Vichy. Si vous me permettez de dĂ©fendre la mĂ©moire de mon grand-pĂšre, je pense qu'il agit Ă l'Ă©poque par faiblesse, par entraĂźnement. Il Ă©tait issu d'un milieu modeste, avait dĂ» arrĂȘter l'Ă©cole au certificat d'Ă©tude. Il va voler des vĂ©los, devenir une sorte de petit voyou et rencontrer dans ce milieu des mecs trĂšs Ă droite comme Courtine. Ce dernier est secrĂ©taire de rĂ©daction Ă L'Appel, un journal collaborationniste. Michel qui a toujours Ă©tĂ© bon en rĂ©dac» mais qui n'a que son certificat d'Ă©tudes a une chance rare de sortir de son milieu. Il va la saisir sans ĂȘtre trop regardant. NĂ© dans un autre temps, j'en suis sĂ»r, anarchiste comme il Ă©tait, il aurait pu Ă©crire dans des journaux d' croyez que ça s'est passĂ© aussi simplement...Certainement. En tout cas, si l'on veut juger, il faut prendre en compte l'atmosphĂšre vĂ©rolĂ©e de l'Ă©poque et aussi celle de l'entre-deux-guerres. On a aussi fait ce genre de procĂšs Ă HergĂ© et Ă Simenon. Je pense que la question juive, le problĂšme du racisme, la notion mĂȘme d'humanisme Ă©taient traitĂ©s assez diffĂ©remment Ă l'Ă©poque. Cette remise en perspective n'excuse pas tout mais elle permet d'Ă©clairer, d'expliquer un comportement, une façon de voir le monde. En tout cas, il faut se garder de juger avec nos yeux et notre intelligence de Michel Audiard n'a jamais fait amende honorable sur cette pĂ©riode dans ces romans qui Ă©taient toujours Ă caractĂšre autobiographique?Ce livre est une Ă©tape probablement intermĂ©diaire. Inabouti, il n'a pas voulu de son vivant qu'il soit publiĂ©, il existait peut-ĂȘtre une raison prĂ©cise Ă cela, que j'ignore. Avec le recul, je pense qu'il avait la rage de ces annĂ©es-lĂ . Ăa l'a meurtri puis ça l'a construit en opposition systĂ©matique Ă toute forme d'ordre d'obligation, de servilitĂ©. Mais il n'a jamais osĂ© le rĂ©vĂ©ler, le dire. C'est peut-ĂȘtre dommage mais c'est ainsi. Au fond, il est mort trop tĂŽt pour oser se pencher sur ses la mort de votre pĂšre, François, la tristesse de Michel Audiard s'est-elle dĂ©finitivement transformĂ©e en forme de misanthropie?Vous savez, je suis le fils de François, le fils du mort. AprĂšs ce chagrin, Michel a changĂ©. Je ne sais pas si l'on peut parler de misanthropie mais on peut parler d'une terrible luciditĂ© face aux hommes et Ă la vie. En fait, il a passĂ© beaucoup de temps avec moi. Il ne se contentait pas d'un talbin, donnĂ© Ă la va-vite. Il Ă©tait prĂ©sent, aimant. VoilĂ , le Michel tendre, que j'ai connu.
Ă la mĂ©moire de mon Grand-pĂšre â Tamar Artaner [22/12/2020] â Tamar Artaner Dons pour Soutenir notre Douce et Tendre ArmĂ©nie. Pour soulager, aider et tĂ©moigner de notre gratitude envers notre peuple qui luttea revoirPrĂ©sentĂ© parLaurent DelahousseDiffusĂ© le 11/06/2022DurĂ©e 00h35 Ce document a reçu le Grand Prixdu Festival international du grand reportage dâactualitĂ©et du documentaire de sociĂ©tĂ© 2022 FIGRA- SĂ©lection officielle des moins de 40 minutes -A lâheure oĂč la question de la fin de vie et de la dĂ©pendance des personnes ĂągĂ©es dĂ©fraie la chronique, voici lâhistoire de Patricia Herrscher. Elle a dĂ©cidĂ© de quitter Paris, son mĂ©tier dâarchitecte dâintĂ©rieur, son logement⊠pour sâoccuper, dans un petit village du Perche, de son pĂšre atteint de la maladie dâ lâa fait sortir de la maison de retraite et ils vivent dĂ©sormais sous le mĂȘme toit. AprĂšs avoir bataillĂ© pour ramener son esprit dans le monde de la logique, elle a finalement pris le parti dâentrer dans le sien, celui de la fantaisie, de la poĂ©sie⊠Un voyage au pays de lâamour entre une fille et son "aidants" souvent dĂ©munisRien ne prĂ©parait Patricia Ă devenir "aidante", un travail Ă plein temps pour lequel il nâexiste pas vraiment de formation. Et elle a appris Ă dĂ©couvrir comment lâaider au mieux. Dans ce document du magazine "13h15 le samedi" Twitter, 13h15, signĂ© Vincent Nguyen, Jean-Charles Guichard et Mathieu Parmentier, elle dĂ©voile son maladie concerne 3 millions de Français, malades et proches, et Patricia a compris quâil est inutile et douloureux de lutter contre. Lâaccepter et vivre avec, jouer avec mĂȘme, permet paradoxalement dâen retarder les effets. Elle partage son expĂ©rience car elle veut "aider les aidants", souvent dĂ©munis dans une telle situation.> Les replays des magazines d'info de France TĂ©lĂ©visions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile iOS & Android, rubrique "Magazines".dataimage/gif;base64,R0lGODlhAQABAAAAACH5BAEKAAEALAAAAAABAAEAAAICTAEAOw==RmW9HGD.